De @galaxyarchis, traduit du grec par @IrateGreek
Politique
Economie
Nous parlerons plus en détail de l'évolution des indicateurs économiques dans un article ultérieur que nus publirons pour l'anniversaire de la formation du gouvernement de coalition, et nous y analyserons les engagements pré-électoraux et les accords politiques, ainsi que leur mise en oeuvre (ou non) au cours de l'année qui s'est écoulée. Nous nous contenterons de mentionner ici que la dette publique s'élevait à 300 milliards d'euros en mai dernier - elle avait en fait augmenté de 280 milliards en janvier 2012 à 300 milliards en mai, en dépit de la restructuration (PSI) qui l'avait réduite de 365 à 280 milliards. Selon les prévisions du Ministère des finances, à la fin 2013 la dette s'élèvera à 330 milliards d'euros, autrement dit 180% du PNB. Il faut noter ici qu'en janvier dernier, le premier ministre a obtenu encore un package de prêts de 50 milliards d'euros pour renforcer la recapitalisation des banques et rembourser les dettes du secteur public envers les particuliers. La recapitalisation avance normalement, mais le remboursement des particuliers n'a pas encore commencé.
2012 a été l'année la plus difficile en termes de récession, que le gouvernement de coalition impute principalement aux élections répétées de mai et juin (rappelons ici que les élections du mois de mai ont été causées par Antonis Samaras, qui est devenu par la suite premier ministre, et qui avait exigé des élections anticipées pour accepter de soutenir le gouvernement Papademos). L'année s'est conclue avec un indicateur de récession de l'ordre de 6,5%, alors que cette année, le Ministère des finances prévoit qu'elle s'élèvera à 4,5%. Bien que le budget 2013 soit beaucoup plus modéré que celui de 2012, il conveitn de souligner qu'à l'époque, le gouvernement Papademos avait prévu que la récession ne dépasserait pas 3% en 2012 - moins de la moitié de ce qu'elle a été en réalité. Dans tous les cas, la récession totale dépasse les 25% depuis 2009.
Ce qui précède doit être vu dans le contexte d'une augmentation du taux de chômage officiel de 22,5% en mai dernier à 27,2% à présent. Autrement dit, en un an, 240 000 personnes sont venues se joindre aux rangs des chômeurs. La Grèce dépasse maintenant l'Espagne et a conquis la première place du chômage en Europe au début de 2013. En ce qui concerne les moins de 25 ans en particulier, la situation est encore plus cauchemardesque, car le chômage des jeunes, qui s'élevait à environ 50% mi-2012, dépasse aujourd'hui les 60%.
Quant aux travailleurs, ils ont vu leur situation de détériorer encore davantage durant l'année qui vient de s'écouler. Au-delà de leur précarisation évidente, la mise en oeuvre du deuxième mémorandum, tel qu'il découle des accords de restructuration de la dette (PSI), a commencé l'été dernier. De plus, durant cette dernière année, un troisième mémorandum a été voté et imposé afin de recevoir le package récent de 50 milliards d'euros en janvier 2013. Les procédures d'arbitrage sur le lieu de travail avaient été victimes du premier mémorandum et les conventions collectives avaient été, de fait, abolies par le deuxième mémorandum. Avec le troisième, le gouvernement a réduit le salaire minimum dans le secteur privé à 22% de moins que ce que prévoit la convention collective, et qui plus est à deux vitesses: pour les plus de 25 ans, le SMIC s'élève à 586 euros, alors que pour les moins de 25 ans recrutés pour un premier emploi, il tombe à 511 euros. Par rapport à l'an dernier, après les six mois qui suivent l'expiration d'une convention collective, durant lesquels ses conditions sont encore valables, et l'abolition de diverses allocations, le salaire moyen a encore diminué, jusqu'à 30% dans certains secteurs. Parallèlement, de mai 2012 à aujourd'hui, les grilles de salaires spéciales et les bonus ont été abolis dans le secteur public au sens large.
Société
A l'époque du temps "condensé" que nous vivons à présent, nous avons pu constater des transformations considérables au niveau social et en particulier en ce qui concerne les actes de violence raciste. Un des facteurs les plus importants des élections de mai dernier a été, sans aucun doute, le premier succès électoral phénoménal de l'Aube dorée. Cette formation néonazie a exploité le mécontentement des Grecs, la paupérisation des classes moyennes et populaires, leur déception envers un système de représentation inadéquat - et même inexistant - et, dans une certaine mesure, le déclin des mouvements sociaux après la dissolution du mouvement déjà affaibli de la place Syntagma à l'automne 2011. L'Aube dorée s'est fondée sur le problème bien réel de la gestion de l'immigration, qui s'est aggravé avec la crise économique, et elle n'a pas rencontré d'opposition de la part du précédent gouvernement à ce sujet. Bien au contraire, elle a trouvé dans ce gouvernement une rhétorique et une politique au service de son programme raciste. En charchant à s'approprier le concept de sécurité, qui était, à leurs yeux, la seule manière de garantir un soutien électoral à un PASOK en cours d'effondrement, certains ministres, tels que MM. Chrisochoidis, Loverdos et Papoutsis ont mis au premier plan un certain nombre de sujets qui, autrefois, étaient tabous pour tout gouvernement progressiste. Nous sommes passés des barbelés sur l'Evros, aux opérations de ratissage dans les centre-villes, aux unités spéciales de FRONTEX contre l'immigration illégale et leurs dizaines de morts en Méditerranée, et enfin aux centres de détention pour immigrés et à la mise au pilori des séropositifs, tout ceci, bien entendu, au nom de la sécurité. Le programme de la Nouvelle démocratie est non seulement semblable, mais encore plus radical: le premier ministre d'aujourd'hui en est arrivé au point, par exemple, d'affirmer que « les enfants des immigrés inondent nos maternelles (et prennent la place des petis Grecs). ».
La conséquence de tout ceci a été d'élever, de manière factice, la sécurité et l'immigration au ppremier rang des sujets de conversation et des préoccupations de la société. La dérive raciste et xénophobe de ce programme s'est ensuite renforcée au cours de l'année qui s'est écoulée, avec des opérations de « purge » du centre d'Athènes: purge des immigrés, des drogués, même des sans-abri - toutes sous des noms orwelliens (« Zeus hospitalier » pour les immigrés et « Thétis » pour les drogués.) Mais au lieu de limiter l'afflux des électeurs anti-mémorandum dans les rangs de l'Aube dorée, ceci a au contraire renforcé l'afflux des classes moyennes paupérisées vers les néo-nazis. De plus, sa rhétorique aussi bien - et plus encore - ses formes d'action commencent à être tolérées et, dans certains cas, sont considérées comme les seules efficaces: il s'agit là d'une rhétorique de la haine et d'actions violentes, que, jusque récemment, la vaste majorité de la société grecque jugeait inacceptables.
L'Aube dorée a vu son pourcentage des votes passer de quasi-zéro à 7% en mai 2012. Sa légitimation formelle comme parti parlementaire s'est accompagnée de passages à tabac et d'agressions verbales contre des particuliers et de politiciens par ses députés, pendant que les actiions violentes de ses membres dans les rues des villes grecques se sont multipliées de façon exponentielle. Plus de 500 attaques racistes, avec des blessés et même des morts, ont été signalées au cours des premiers mois de 2012. Les Grecs eux-mêmes, en particulier les homosexuels, ont eux aussi été victimes la violence de cette organisation nazie. Elle a réussi à interdire un spectacle, dont la troupe a du suspendre les représentations parce qu'ils craignaient pour leur vie. Durant toute cette période, la réaction de la police a été tiède ou même inexistante. Dans certains cas même, les autorités semblent participer à des actions racistes, et la Cour européenne des droits de l'Homme rend un verdict de culpabilité après l'autre à l'encontre de la Grèce pour violation de la Convention européenne des droits de l'Homme.
Le plus inquiétant dans ce contexte est le fait que, non seulement on n'observe pas de réaction politique à l'action de l'Aube dorée, mais que de plus, si l'on en croit les sondages, elle semble encore monter en puissance et atteindre une proportion du vote supérieure à 10%, ce qui en ferait probablement le troisième parti au parlement en cas d'élections.
L'image renvoyée par les mouvements sociaux et populaires cette dernière année est tout l'inverse. Le grand « mouvement des places publiques » a été suivi de rassemblements sporadiques beaucoup plus petits les jours de grève. D'autre part, au lieu d'une forme d'action collective à l'échelle nationale, on assiste au renforcement de groupes locaux de solidarité et de certains mouvements, toujours à l'échelle locale. Le plus notoire de ces mouvements est sans doute celui contre les mines de métaux en Chalcidique du nord-est, où le conflit entre la société locale et le gouvernement a pris des proportions de guerre civile, où ceux qui s'opposent à l'industrie minière sont traités comme des terroristes. La réduction, en termes de quantité, de la réaction sociale est évidente, mais leur évolution qualitative est plus importante dans la mesure où elle est très intense et comprend plusieurs niveaux d'analyse.
Dessin de Spyros Derveniotis Traduction: "Salauds d'immigrés qui vont crever là où les Grecs trouvent à manger" |
La Grèce commémore ces jours-ci deux importants anniversaires politiques. Plus particulièrement, le 6 mai 2013 marque à la fois le troisième anniversaire du vote du premier mémorandum d'austérité, qui est à l'origine du plus grand remaniement de la scène politique au cours de l'histoire récente de notre pays, et le premier anniversaire des élections de 2012, qui ont pris acte pour la première fois de ces transformations au niveau des urnes. La société grecque vit une période où le temps, en termes politiques, est condensé au point que sa conscience collective n'a pas le temps d'assimiler les changements qui ont lieu tous les mois, toutes les semaines. Des élections de mai 2012, qui n'ont pas mené à la formation d'un gouvernement mais à de nouvelles élections un mois plus tard, à aujourd'hui, l'image du pays dans son ensemble et de sa scène politique continue à changer rapidement. En préparation d'une série d'articles plus longue pour l'anniversaire des élections de juin dernier, à la suite desquelles le gouvernement de coalition qui se trouve aujourd'hui au pouvoir a été formé, nous allons passer en revue les changements de cette dernière année, et, pour commencer, les élections de mai 2012 elles-mêmes.
Politique
Le renversement spectaculaire du pourcentage des votes des partis politiques aux élections de mai 2012 est montre clairement l'effondrement du système politique tel qu'il existait auparavant, avec deux grands partis qui partageaient traditionnellement le pouvoir à tour de rôle, mais aussi la confusion de l'électorat en raison de la crise économique et de la mise en oeuvre brutale du mémorandum d'austérité par un gouvernement social-démocrate dont la rhétorique pré-électorale en 2009 avait été extrêmement progressiste. Pour s'en rendre compte, il suffit de mentionner que, pour la première fois depuis le retour à la démocratie en 1974, les élections ont produit un parlement où 7 partis politiques étaient représentés, et, qui plus est, alors qu'une proportion de l'électorat de l'ordre de 19% a choisi de voter pour de petits partis et n'était, par conséquent, plus représentée au niveau des institutions en raison de la loi électorale.
Répartition des sièges au parlement à la suite des élections de mai 2012 |
Le Mouvement socialiste panhellénique, PASOK, le grand vaincu des élections de juin 2012, a perdu les trois quarts de ses électeurs de 2009 et est tombé de 31 points, de 43,9% à 13,2%. C'était là un effondrement annoncé, car le parti lui-même, ainsi que son dirigeant, George Papandreou, qui a été de fait chassé de son poste au printemps 2012, se sont vus reprocher sans concession la mise en oeuvre de la politique la plus impopulaire au cours de l'histoire récente de la Grèce. La Nouvelle démocratie, elle, bien qu'ayant le dessus sur SYRIZA d'une courte tête, a également perdu presque la moitié de ses électeurs de 2009 (de 33,5% à 18,9%). C'était là, une fois de plus, un effondrement annoncé, car, d'une part, Kostas Karamanlis s'est vu reprocher, dans une large mesure, d'avoir créé en Grèce les conditions de la crise de 2009, d'autre part, Antonis Samaras a rétréci la base du parti en abandonnant la politique dite "du milieu" et en choisissant une orientation très clairement de droite conservatrice. L'effondrement des deux partis de gouvernement a été au profit de SYRIZA, qui, pour bondir de 4,5% à 17% des voix, a engrangé les bénéfices de l'ire populaire contre les politiques d'austérité et s'est trouvé - pour la première fois - face à la perspective d'un gouvernement de coalition sous sa direction.
Mais la Nouvelle démocratie, aussi bien que SYRIZA, sont arrivés aux premières élections de 2012 après avoir subi une scission. Les Grecs indépendants et la Gauche démocratique, les deux nouveaux partis issus de ces scissions, ont vu leurs forces s'accroître avec les élections, où ils ont gagné 10,6% et 6,1% des voix respectivement en amenant à eux des électeurs qui étaient eux aussi opposés au mémorandum, d'un point de vue de centre-droit ou de centre-gauche. Quant au Parti communiste grec, bien qu'il ait aussi enregistré des gains (de 7,5% à 8,5%), son attitude inflexible - d'aucuns diraient isolationniste - ne lui a pas permis de rassembler un grand nombre des mécontents de l'austérité. En revanche, la mauvaise surprise de mai 2012 a été la montée en puissance effrayante de l'Aube dorée, une formation néonazie qui, profitant de sa rhétorique anti-mémorandum et de la paupérisation de la classe moyenne, a fait un bond en avant, passant d'un pourcentage du vote négligeable (0,29% en 2009) à 7%, et est ainsi entrée au parlement devant la Gauche démocratique.
Economie
Nous parlerons plus en détail de l'évolution des indicateurs économiques dans un article ultérieur que nus publirons pour l'anniversaire de la formation du gouvernement de coalition, et nous y analyserons les engagements pré-électoraux et les accords politiques, ainsi que leur mise en oeuvre (ou non) au cours de l'année qui s'est écoulée. Nous nous contenterons de mentionner ici que la dette publique s'élevait à 300 milliards d'euros en mai dernier - elle avait en fait augmenté de 280 milliards en janvier 2012 à 300 milliards en mai, en dépit de la restructuration (PSI) qui l'avait réduite de 365 à 280 milliards. Selon les prévisions du Ministère des finances, à la fin 2013 la dette s'élèvera à 330 milliards d'euros, autrement dit 180% du PNB. Il faut noter ici qu'en janvier dernier, le premier ministre a obtenu encore un package de prêts de 50 milliards d'euros pour renforcer la recapitalisation des banques et rembourser les dettes du secteur public envers les particuliers. La recapitalisation avance normalement, mais le remboursement des particuliers n'a pas encore commencé.
2012 a été l'année la plus difficile en termes de récession, que le gouvernement de coalition impute principalement aux élections répétées de mai et juin (rappelons ici que les élections du mois de mai ont été causées par Antonis Samaras, qui est devenu par la suite premier ministre, et qui avait exigé des élections anticipées pour accepter de soutenir le gouvernement Papademos). L'année s'est conclue avec un indicateur de récession de l'ordre de 6,5%, alors que cette année, le Ministère des finances prévoit qu'elle s'élèvera à 4,5%. Bien que le budget 2013 soit beaucoup plus modéré que celui de 2012, il conveitn de souligner qu'à l'époque, le gouvernement Papademos avait prévu que la récession ne dépasserait pas 3% en 2012 - moins de la moitié de ce qu'elle a été en réalité. Dans tous les cas, la récession totale dépasse les 25% depuis 2009.
Ce qui précède doit être vu dans le contexte d'une augmentation du taux de chômage officiel de 22,5% en mai dernier à 27,2% à présent. Autrement dit, en un an, 240 000 personnes sont venues se joindre aux rangs des chômeurs. La Grèce dépasse maintenant l'Espagne et a conquis la première place du chômage en Europe au début de 2013. En ce qui concerne les moins de 25 ans en particulier, la situation est encore plus cauchemardesque, car le chômage des jeunes, qui s'élevait à environ 50% mi-2012, dépasse aujourd'hui les 60%.
Quant aux travailleurs, ils ont vu leur situation de détériorer encore davantage durant l'année qui vient de s'écouler. Au-delà de leur précarisation évidente, la mise en oeuvre du deuxième mémorandum, tel qu'il découle des accords de restructuration de la dette (PSI), a commencé l'été dernier. De plus, durant cette dernière année, un troisième mémorandum a été voté et imposé afin de recevoir le package récent de 50 milliards d'euros en janvier 2013. Les procédures d'arbitrage sur le lieu de travail avaient été victimes du premier mémorandum et les conventions collectives avaient été, de fait, abolies par le deuxième mémorandum. Avec le troisième, le gouvernement a réduit le salaire minimum dans le secteur privé à 22% de moins que ce que prévoit la convention collective, et qui plus est à deux vitesses: pour les plus de 25 ans, le SMIC s'élève à 586 euros, alors que pour les moins de 25 ans recrutés pour un premier emploi, il tombe à 511 euros. Par rapport à l'an dernier, après les six mois qui suivent l'expiration d'une convention collective, durant lesquels ses conditions sont encore valables, et l'abolition de diverses allocations, le salaire moyen a encore diminué, jusqu'à 30% dans certains secteurs. Parallèlement, de mai 2012 à aujourd'hui, les grilles de salaires spéciales et les bonus ont été abolis dans le secteur public au sens large.
Société
A l'époque du temps "condensé" que nous vivons à présent, nous avons pu constater des transformations considérables au niveau social et en particulier en ce qui concerne les actes de violence raciste. Un des facteurs les plus importants des élections de mai dernier a été, sans aucun doute, le premier succès électoral phénoménal de l'Aube dorée. Cette formation néonazie a exploité le mécontentement des Grecs, la paupérisation des classes moyennes et populaires, leur déception envers un système de représentation inadéquat - et même inexistant - et, dans une certaine mesure, le déclin des mouvements sociaux après la dissolution du mouvement déjà affaibli de la place Syntagma à l'automne 2011. L'Aube dorée s'est fondée sur le problème bien réel de la gestion de l'immigration, qui s'est aggravé avec la crise économique, et elle n'a pas rencontré d'opposition de la part du précédent gouvernement à ce sujet. Bien au contraire, elle a trouvé dans ce gouvernement une rhétorique et une politique au service de son programme raciste. En charchant à s'approprier le concept de sécurité, qui était, à leurs yeux, la seule manière de garantir un soutien électoral à un PASOK en cours d'effondrement, certains ministres, tels que MM. Chrisochoidis, Loverdos et Papoutsis ont mis au premier plan un certain nombre de sujets qui, autrefois, étaient tabous pour tout gouvernement progressiste. Nous sommes passés des barbelés sur l'Evros, aux opérations de ratissage dans les centre-villes, aux unités spéciales de FRONTEX contre l'immigration illégale et leurs dizaines de morts en Méditerranée, et enfin aux centres de détention pour immigrés et à la mise au pilori des séropositifs, tout ceci, bien entendu, au nom de la sécurité. Le programme de la Nouvelle démocratie est non seulement semblable, mais encore plus radical: le premier ministre d'aujourd'hui en est arrivé au point, par exemple, d'affirmer que « les enfants des immigrés inondent nos maternelles (et prennent la place des petis Grecs). ».
La conséquence de tout ceci a été d'élever, de manière factice, la sécurité et l'immigration au ppremier rang des sujets de conversation et des préoccupations de la société. La dérive raciste et xénophobe de ce programme s'est ensuite renforcée au cours de l'année qui s'est écoulée, avec des opérations de « purge » du centre d'Athènes: purge des immigrés, des drogués, même des sans-abri - toutes sous des noms orwelliens (« Zeus hospitalier » pour les immigrés et « Thétis » pour les drogués.) Mais au lieu de limiter l'afflux des électeurs anti-mémorandum dans les rangs de l'Aube dorée, ceci a au contraire renforcé l'afflux des classes moyennes paupérisées vers les néo-nazis. De plus, sa rhétorique aussi bien - et plus encore - ses formes d'action commencent à être tolérées et, dans certains cas, sont considérées comme les seules efficaces: il s'agit là d'une rhétorique de la haine et d'actions violentes, que, jusque récemment, la vaste majorité de la société grecque jugeait inacceptables.
Des images d'attaques racistes, telles que celle-ci, ont commencé à devenir communes et tolérées au cours de l'année qui est passée. |
L'Aube dorée a vu son pourcentage des votes passer de quasi-zéro à 7% en mai 2012. Sa légitimation formelle comme parti parlementaire s'est accompagnée de passages à tabac et d'agressions verbales contre des particuliers et de politiciens par ses députés, pendant que les actiions violentes de ses membres dans les rues des villes grecques se sont multipliées de façon exponentielle. Plus de 500 attaques racistes, avec des blessés et même des morts, ont été signalées au cours des premiers mois de 2012. Les Grecs eux-mêmes, en particulier les homosexuels, ont eux aussi été victimes la violence de cette organisation nazie. Elle a réussi à interdire un spectacle, dont la troupe a du suspendre les représentations parce qu'ils craignaient pour leur vie. Durant toute cette période, la réaction de la police a été tiède ou même inexistante. Dans certains cas même, les autorités semblent participer à des actions racistes, et la Cour européenne des droits de l'Homme rend un verdict de culpabilité après l'autre à l'encontre de la Grèce pour violation de la Convention européenne des droits de l'Homme.
Le plus inquiétant dans ce contexte est le fait que, non seulement on n'observe pas de réaction politique à l'action de l'Aube dorée, mais que de plus, si l'on en croit les sondages, elle semble encore monter en puissance et atteindre une proportion du vote supérieure à 10%, ce qui en ferait probablement le troisième parti au parlement en cas d'élections.
L'image renvoyée par les mouvements sociaux et populaires cette dernière année est tout l'inverse. Le grand « mouvement des places publiques » a été suivi de rassemblements sporadiques beaucoup plus petits les jours de grève. D'autre part, au lieu d'une forme d'action collective à l'échelle nationale, on assiste au renforcement de groupes locaux de solidarité et de certains mouvements, toujours à l'échelle locale. Le plus notoire de ces mouvements est sans doute celui contre les mines de métaux en Chalcidique du nord-est, où le conflit entre la société locale et le gouvernement a pris des proportions de guerre civile, où ceux qui s'opposent à l'industrie minière sont traités comme des terroristes. La réduction, en termes de quantité, de la réaction sociale est évidente, mais leur évolution qualitative est plus importante dans la mesure où elle est très intense et comprend plusieurs niveaux d'analyse.
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