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Monday 6 May 2013

Le poste de police de Kallipoli: un Guantanamo miniature et ses minus


Mis en ligne par @csyllas, traduit/adapté du grec par @IrateGreek


Le texte qui suit est le témoignage de Giorgos Karystinos qui a visité le poste de police de Kallipoli au Pirée le 03 mai 2013


"J'ai visité aujourd'hui le poste de police de Kallipoli au Pirée, après avoir appris que des victimes de l'opération de ratissage Zeus Xénios ("hospitalier") qui y sont détenues y ont entamé une grève de la faim. Si le poste de Drapetsona est un cachot, celui de Kallipoli est une cage de détention solitaire. Imaginez un endroit où l'horloge biologique des détenus est déréglée parce qu'ils ne savent pas s'il fait jour ou nuit. Les policiers ont du faire un trou dans le mur pour que les prisonniers puissent savoir ce qu'il se passe dehors.
Nous avons ensuite eu une conversation avec les officiers, qui ont admis, une fois de plus, que les conditions de détention sont inhumaines et que cette situation doit changer. Ils nous ont dit que, en tant qu'êtres humains, ils ne sont pas d'accord avec ce qu'il se passe, mais en tant que policiers, ils doivent obéir aux ordres qu'on leur donne. Que nous, nous devrions faire quelque chose, faire pression pour demander des changements, que les députés devraient faire de même de leur côté, et les avocats du leur, etc.
Comme c'est Pâques, je pensais sans cesse à Ponce Pilate, qui, au lieu de libérer Jésus comme il pensait qu'il était juste, a choisi de le crucifier parce que c'était son devoir de gouverneur, que c'était son rôle de le faire.
C'est pourquoi j'ai demandé à ces policiers pourquoi ils ne font pas quelque chose eux-mêmes. Pourquoi ils ne font pas une déclaration publique pour dénoncer cette situation. Pourquoi ils ne sont pas à la hauteur de leur responsabilité et pourquoi ils ne refusent pas d'exécuter des ordres qu'ils trouvent inhumains. Pourquoi ils ne prennent pas des mesures, ne serait-ce que symboliques.
Leur réponse était que, pour ce faire, ils devraient démissioner, et alors, qui va nourrir leurs enfants?
Il y a des années que j'entends, surtout depuis le début de la crise, des gens qui ne font rien me dire qu'ils ne peuvent rien faire parce qu'ils ont une famille à faire vivre. Ils ont des enfants et ne peuvent pas se permettre de se retrouver au chômage. Des amis et des connaissances me l'ont dit.  Des journalistes et des techniciens me l'ont dit lorsque je leur ai demandé pourquoi ils ne se battent pas, au sein de leur média, pour que la vérité se fasse entendre. Des policiers me l'ont dit lorsque je leur ai demandé pourquoi ils ne désobéissent pas aux ordres de tabasser les gens, alors qu'ils sont pleinement conscients de la situation.
(...)
A l'autre bout de la société, il y a quelques personnes qui ont osé le faire, alors même qu'ils ont des familles à nourrir. Je les félicite, parce que leurs enfants vont grandir et seront Humains, avec un H majuscule, comme leurs parents le sont maintenant. De tels êtres Humains et de familles me donnent de l'espori. (Ce ne sont bien sûr pas des policiers, je n'ai pas eu la chance jusqu'à présent de rencontrer ce genre de policier, mais je suis sur qu'ils existent et c'est en premier lieu pour les policiers que je rédige ce texte, pour les mettre face à leur responsabilité.) "

La violence policière est un prblème chronique et bien documenté en Grèce. Vous pouvez lire ici un rapport détaillé d'Amnesty International sur la question (Octobre 2012)

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