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Saturday, 20 April 2013

Bulletin d'informations du 20 avril 2013 en Grèce - #28



Α la une de rbnews international cette semaine:
  • Une attaque meurtrière contre des travailleurs agricoles immigrés qui revendiquaient 6 mois de salaires impayés, à Manolada, dans le Péloponnèse, rappelle encore la façon inhumaine dont sont traités les immigrés en Grèce.
  • Les deux habitants de Ierissos, accusés d'avoir participé à l'attaque contre les infrastructures de Eldorado Gold, à Skouries, ont été mis en prison ; en même temps, les mobilisations dans la région se poursuivent.
  • Après les immigrants et les toxicomanes, la police grecque transfert aussi les sans-abris vers des centres de détention.
  • Le gouvernement grec a assuré la prochaine tranche du prêt de la Troika, en acceptant le licenciement de 15000 fonctionnaires.
  • Les mobilisations pour l'interruption de Indymedia Athènes et de la radio Entassi, suite à une intervention de l'Etat, se sont poursuivies encore cette semaine. 

1. Les superviseurs de la ferme de #Manolada ouvrent le feu sur des travailleurs immigrés

28 personnes ont été transférées à l'hôpital, dont 12 en état critique, quand les superviseurs d'une ferme à Manolada, dans le Péloponnèse ont ouvert le feu contre une foule de 200 personnes, la plupart originaires de Bangladesh, avec des fusils de chasse, mercredi 17 avril. Les travailleurs immigrants révendiquaient leurs salaires dûs depuis 6 mois. Manolada était déjà connue en Grèce, depuis 2008, quand un journal avait dévoilé les conditions de travail, comparables à de l’esclavage, auxquelles étaient soumis des immigrants sans papiers travaillant dans les champs de fraises. Un des trois tireurs était déjà accusé d'avoir attaché un immigré à sa voiture et de l’avoir traîné derrière lui.

Les évènements de Manolada ont mis en évidence plusieurs lacunes de la politique d'immigration de la Grèce, de la justice et de la police. Les tireurs ont seulement été arrêtés vendredi, après que le mandat de 48h du flagrant délit ait expiré : ils seront donc très probablement libérés jusqu'au procès.

Des rumeurs que les travailleurs blessés ont été arrêtés pour ensuite être expulsés, qui ont circulé jeudi, ont été démenties par la police et par le Ministre de l'Ordre Public en personne; pourtant, ces rumeurs étaient crédibles, puisque certaines organisations antiracistes ont identifié le risque d'expulsion comme une raison pour laquelle des immigrants sans papiers n'ont pas pu donner leur témoignage des attaques racistes à la police.
Entre temps, un journaliste local qui avait été à l’origine d’un reportage sur les conditions de travail inhumaines des immigrants depuis 2008 a signalé que la police a encore essayé de l'empêcher de travailler sur ces évènements. Les médias traditionnels, eux, ont essayé de sous-estimer l’importance des faits.

Par ailleurs, une campagne électronique pour boycotter les fraises de Manolada a immédiatement été lancée sur les réseaux sociaux, et plusieurs supermarchés ont annoncé qu'ils ont suspendu leurs achats chez le producteur en question, après avoir reçu une avalanche de mails de la part des consommateurs.
C'est la deuxième campagne électronique réussie en Grèce au cours des dernières semaines. La première visait les publicités qui passaient lors d’une émission pendant laquelle des membres de l'Aube Dorée ont été invités à présenter leurs positions sans oeil critique du présentateur.

Tous ces incidents se sont produits alors que le Commissaire du Conseil de l'Europe pour les droits de l'Homme, Nils Muiznieks, a publié plus tôt dans la semaine un rapport, dans lequel il a noté que la plupart des crimes racistes en Grèce étaient liés à l'activité de l'Aube Dorée, qu'il traite explicitement de parti nazi. Le Commissaire a aussi rappelé qu'en tant que signataire des conventions internationales, la Grèce est obligée d'agir sur ces sujets et que le pays serait en droit d'interdire l'Aube Dorée.

Entre temps, l'Aube Dorée a procédé à plusieurs actions violents jeudi soir dans le quartier de Nikéa, près du Pirée. Le parti nazi avait dû fermer son bureau dans ce quartier au cours de la semaine dernière, à cause des réactions des riverains. Un groupe de 10 membres de l'Aube Dorée ont attaqué 6 militants antifascistes qui distribuaient des tracts pour une manifestation prévue dimanche 21 avril, jour de l'anniversaire du coup d'état des colonels en 1967. Un autre groupe de 8 personnes ont tabassé un immigré dans un bus. il a dû être hospitalisé.

2. Evolutions à Skouries

Plusieurs manifestations se sont tenues dans toute la Grèce le samedi 13 avril, afin de dénoncer l'arrestation brutale de deux habitants de Ierissos, au cours de la nuit du 11 avril, par la brigade antiterroriste de la police. Ierissos est le centre des protestations contre le projet de construction d'une mine à Halkidiki, dans le nord du pays, notamment dans la forêt de Skouries, une région d’une biodiversité et d’une beauté naturelle exceptionelle.

Les deux hommes sont accusés par la police d'avoir participé à une attaque contre le chantier de Eldorado Gold à Skouries le 12 février dernier, qui ont provoqué plusieurs dommages à l'équipement de la compagnie.
Le procureur et le juge d'instruction ont décidé dimanche que les deux hommes devraient être gardés en prison jusqu'au procès, pour un maximum de 18 mois. Les avocats des deux personnes suspectées ont dénoncé le fait que les prétendues preuves contre leurs clients sont, au mieux, fragiles, et contre le fait que les deux hommes ont été interrogés au siège de la police de Thessalonique, et non au tribunal, ce qui est contraire à la loi grecque.

D'autres manifestations ont été organisées devant le siège de la police pendant l'interrogation de deux personnes arrêtées, ainsi que lorsque la décision de leur emprisonnement a été annoncée.

Le comité de coordination contre la mine d'or à Ierissos a aussi dénoncé comme une provocation, une autre attaque contre le commissariat de la police à Ierissos mardi 16 avril. Après cette attaque, la police a décidé de fermer le commissariat et de coordonner le maintien de l'ordre de la région par le Commissariat de Polygyros, la capitale de la Chalcidique. En parallèle, deux escadrons de la police anti-émeute ont été dédiées à la garde quotidienne du commissariat de Polygyros et du chantier de la mine.
Des syndicalistes de la police ont dénoncé aux médias locaux le coût excessif de cette opération, puisque les agents anti-émeutes ont été transférés d'autres régions de la Grèce du nord et recevront une indemnisation journalière. Ils ont aussi dénoncé que la police serve de sécurité privée pour la compagnie et n'a pas la possibilité d'exécuter ses tâches régulières, puisque des forces de l’ordre supplémentaires sont attribués à la Chalcidique.

Les activistes contre la mine se sont aussi retrouvés devant un autre échec cette semaine, quand le Conseil d'Etat a rejeté un appel introduit par les habitants de Halkidiki contre les projets de la construction de la mine et a décidé que la recherche de d'impact environnemental était valide par rapport à la loi grecque. Les activistes ont par contre reçu le soutien des puissants monastères du Mont Athos, qui a envoyé un représentant à Athènes pour donner une lettre au Premier Ministre. Dans cette lettre, ils dénoncent l'emprisonnement des deux activistes et la traitent de décision "non judiciaire, mais politique, dans le but de menacer la population".

3. Centre de détention d'immigrants d’Amygdaleza et opération Thetis

Une mobilisation organisée par des organisations de la gauche et des collectifs antiracistes s'est tenue dimanche 14 avril au centre de détention d'immigrants d'Amygdaleza, près d'Athènes. Des immigrants sans papiers sont détenus là pour plusieurs mois, contre la législation européenne et sous des conditions inadmissibles, après avoir été arrêtés dans le cadre des opérations d'arrestations massives, prévues par l'opération Xenios Zeus.
Des représentants des manifestants sont entrés dans le centre, ont donné des vêtements et des provisions aux immigrants et ont réussi à parler avec certains d'entre eux. Les détenus ont dénoncé qu'ils sont mal nourris, n'ont pas accès à des soins suffisants et ont des difficultés de communiquer puisqu’ils n'ont pas accès au téléphone. Il a aussi été rapporté que des mineurs sont détenus. Certains ont dénoncé des tabassages, ce qui est démenti par la police.

Il est rappelé que des toxicomanes interpellés dans le centre d’Athènes sont aussi transférés à Amygdaleza, pour un contrôle de leurs données personnelles, dans le cadre de l'opération Thetis. La semaine dernière, des sans abris ont aussi été traités de la même manière : ils sont transférés dans les camps de détentions par la police, leurs donnés personnelles sont contrôlées et ils sont ensuite libérés. Ils sont pourtant obligés de couvrir une distance de presque une heure et demie à pied, pour retourner en ville.

4. Suicide d'une détenue séropositive

Une détenue séropositive, Maria Theodoraki, s'est pendue avec ses draps dans la prison de Korydalos la semaine dernière. La semaine précédente, elle avait déjà tenté de se suicider devant sa mère qui lui rendait visite. Suite à cette tentative, elle avait été transférée à l'hôpital psychiatrique pour quelques jours. Malgré sa santé mentale et physique très fragile, les responsables de la prison l'ont renvoyée à la prison où elle a finalement mis fin à ses jours.

Il faut rappeler que la prison de Korydalos ne possède pas d'espace dédié pour les femmes séropositives: elles reçoivent donc des soins médicaux très limités.

De plus, en mai 2012, des prostituées séropositives avaient été emprisonnée, dans le cadre de la "protection de la santé publique", suite à une initiative du Ministre de la Santé de l'époque, Andreas Loverdos. Finalement, la Cour avait décidé que toutes ces femmes étaient innocentes et leur emprisonnement de longue durée (de 3 à 9 mois) a été déclaré illégal.

5. Licenciements et recrutements des fonctionnaires

Lorsqu'il s’est adressé à la population grecque, le mardi 15 avril, suite à la fin des négociations du gouvernement avec la Troika sur la recapitalisation des banques, le Premier Ministre, Antonis Samaras, a annoncé triomphant qu'il avait assuré la prochaine tranche de sauvetage de 2.8 milliards euros, et a prétendu qu'il voyait enfin de la lumière au bout du tunnel. Il a aussi annoncé au cours du même discours que 15.000 fonctionnaires seront licenciés jusqu'à la fin de 2014, dans le but d’une plus grande flexibilité, comme demandé par la Troika. Pourtant il a tout de suite ajouté que "pour chaque personne licenciée, une nouvelle sera recrutée, dans un processus totalement méritocratique. Ceci n'est pas du sacrifice humain, comme prétendent certains. C'est une amélioration considérable du service public que la société grecque exige".

Nombreux sont ceux qui ont interprété ces propos comme un clin d'oeil à ceux qui soutiennent le gouvernement tripartite, supposant qu’ils recevraient des postes en cas de soutien électoral si nécessaire.

Les fonctionnaires ont organisé un arrêt de travail et une manifestation à Athènes mercredi contre les licenciements annoncés.

6. Indymedia Athènes

La semaine dernière, les protestations contre l'interruption du site internet de Indymedia Athènes et du programme de la radio Entassi, suite à une intervention de l'Etat, se sont poursuivies. Lundi 15 avril, une mobilisation s’est déroulée dans l'Ecole Polytechnique, où était hébergé le serveur de Indymedia. Il est intéressant de noter que pendant la manifestation, la connexion internet de l'Ecole Polytechnique était étrangement coupée.

Des mobilisations ont aussi eu lieu dans d'autres villes au cours de cette semaine, tandis que jeudi, une émission sur la répression des médias de contre information a été diffusée depuis le siège du syndicat des journalistes (ESSIEA).

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