A la une de #rbnews international cette semaine:
- Les réactions à la décision du gouvernement grec de fermer ERT mène l'un des trois partis au pouvoir à quitter la coalition gouvernementale.
- Les réactions à un appel d'offre truqué pour la sélection d'un fournisseur de réseau de télévision numérique se multiplient.
- Le gouvernement grec ferme des hôpitaux, des écoles primaires et des maternelles.
- Les violences policières se poursuivent en Chalcidique, alors que le Syndicat régional des policiers demande des renforts permanents de police anti-émeutes.
- L'ancien recteur de l'Ecole polytechnique d'Athènes et le président du Parti ouvrier révolutionnaire sont menés en procès pour diffamation par l'Aube dorée.
1. Fermeture de la radio-télévision publique
La décision du gouvernement de fermer la radio-télévision publique ERT a causé cette semaine la plus grande crise politique en Grèce depuis les élections de juin 2012, et la coalition gouvernementale semblait être au bord de l'effondrement jeudi soir.
ERT a continué à diffuser toute la semaine avec l'aide de l'Union européenne de radio-télévision, mais avec de plus en plsu de difficultés, car le gouvernement a cherché à utiliser tous les moyens techniques et légaux à sa disposition pour la fermer et pour duper le public. Le soir du dimanche 16 juin, la transmission de ERT par satellite a été interrompue par la compagnie israélienne qui le diffuse pour l'UER, apparemment après des pressions de l'ambassadeur grec à Tel Aviv.
Lundi matin, les auditeurs qui ont réglé leur télévision sur l'ancienne fréquence de la deuxième chaîne de ERT ont vu apparaître des barres de couleur avec le sigle "NERIT", qui signifie en grec "Nouvelle radio, internet et télévision hellénique" et est le nom du nouveau diffuseur avec lequel le gouvernement compte remplacer ERT. L'apparition de NERIT sur les ondes a causé une levée de boucliers en Grèce, car NERIT n'a même pas d'existence légale. La diffusion a été ensuite interrompue, et le fournisseur de réseau numérique DIGEA a affirmé qu'il s'agissait d'une "erreur". Jeudi matin, un magazine appelé "Le monde de la radio-télévision", identique au magazine "Radio-télévision" de ERT, a fait son apparition dans les kiosques à journaux. Le magazine avait apparemment été préparé par une petite maison d'édition et affirmait avoir interviewé la présentatrice de télévision Tatiana Stefanidou, qui a nié leur avoir jamais parlé.
Le Conseil d'Etat a rendu lundi un jugement plutôt sibyllin au sujet de la fermeture de ERT. Le jugement demande la reprise immédiate de la diffusion mais reconnaît la dissolution de ERT comme personne légale, ce qui laisse la question de savoir qui devrait diffuser ouverte. Les partis politiques et les experts en droits se sont engagés dans une guerre de paroles pour déterminer ce que le jugement signifie réellement. Mardi soir, l'agence de presse d'Etat publiait un document de clarification du jugement, qui penchait en faveur de l'interprétation du gouvernement, en affirmant que le document venait du président du Conseil d'Etat lui-même. Quelques heures plus tard, le président niait avoir produit un tel document. Un second jugement rendu jeudi soir, avec plus de détails, est tout aussi sibyllin.
Le gouvernement a jusqu'à présent refusé de mettre en oeuvre le jugement sous divers prétextes, et ERT n'est toujours pas de retour sur les ondes. Vendredi matin, le porte-parole du gouvernement, Simos Kedikoglou, a dit dans une interview que les écrans de ERT ne sont plus noirs mais qu'ils présentent maintenant des barres de couleur. Jeudi soir, au cours de la séance à l'issue de laquelle il a rendu son deuxième jugement au sujet de ERT, le Conseil d'Etat a noté qu'il se réunirait de nouveau si le gouvernement ne prenait pas des mesures immédiates pour relancer la diffusion.
Le gouvernement a aussi refusé de discuter la question de ERT au parlement. La discussion d'une proposition d'amendement du Parti communiste pour annuler la décision de fermer ERT a été rejetée deux fois par des ministres du gouvernement, et les partis d'opposition ont quitté la salle pour protester.
Des manifestations et des événements pour soutenir ERT ont continué toute la semaine en Grèce et à l'étranger, tandis que les orchestres de ERT, dont le personnel n'est pas couvert par la décision du Conseil d'Etat, ont donné des concerts au quartier général de ERT tous les soirs. Dimanche 16 mai, une équipe de journalistes qui travaillent pour divers médias ont produit un numéro de grève d'un journal gratuit, "Opinion sans liens", dont 100,000 copies ont été distribuées à travers le pays. Cependant, le même jour, plusieurs grands journaux et médias privés ont commencé à casser la grève, qui a été suspendue le lendemain soir en raison de l'importance des événements politiques.
Au bout d'une semaine de réunions des trois dirigeants, la coalition de trois partis qui soutiennent le gouvernement a commencé à s'effriter. La Gauche démocratique a annoncé jeudi qu'elle retirait son soutien au gouvernement, qui est désormais une coalition de deux partis, la Nouvelle démocratie et le PASOK, avec une toute petite majorité de trois sièges au parlement. On ne sait pas encore si des députés indépendants le soutiendront. Quelques heures après l'annonce de la Gauche démocratique, le Ministre des finances Giannis Stournaras a publié un communiqué de presse dans lequel il annonce que le gouvernement travaille à déterminer la nature des 2 000 emplois nécessaires au fonctionnement d'une radio-télévision publique provisoire, qu'il a demandé le paiement d'une partie des indemnités de licenciement aux employés de ERT afin de rendre les licenciements formels, et que le gouvernement demande aux ex-employés de ERT de vider les lieux afin de permettre la reprise de la diffusion. Le Syndicat des employés de ERT a relevé le défi en répondant: "Ici ERT! Ici ERT! Molôn labê (Viens le prendre)."
2. DIGEA et l'appel d'offre pour les fournisseurs de réseau de télévision numérique.
La consultation publique pour la sélection d'un fournisseur de réseau de télévision numérique s'est achevée le 19 juin et l'appel d'offre sera publié le 30 juin. Comme nous l'avons signalé la semaine dernière sur l'émission anglophone de #rbnews international, les conditions de l'appel d'offre sont conçues de telle sorte qu'elles correspondent exactement au profil du fournisseur de réseau DIGEA, un consortium de six plus grands groupes médiatiques grecs, dont les intérêts sont étroitement liés à ceux de la classe politique grecque et qui ont ardemment soutenu les politiques d'austérité et les mémorandums.
Dans les circonstances actuelles, avec ERT en liquidation et aucun autre compétiteur sérieux, DIGEA va très probablement devenir le seul fournisseur de réseau numérique en Grèce. Les conséquences de ceci pour la liberté d'expression sont assez évidentes, étant donnée la décision de DIGEA de suspendre la diffusion de la chaîne du Parti communiste lorsque celle-ci a décidé de retransmettre le programme pirate de ERT après sa fermeture.
Ces faits demeurent peu connus en Grèce, car leur analyse détaillée n'est disponible que sur ERT, dans le Journal des rédacteurs et sur des médias en ligne. Cependant, la réaction publique monte, et l'Association des chaînes régionales de Grèce a maintenant recours au Comité pour la compétitivité, à la justice et aux tribunaux at aux institutions européennes pour bloquer l'appel d'offre, en affirmant que: "Ceci mettrait un point final à l'existence des petites chaînes privées régionales."
3. Fermeture d'écoles et d'hôpitaux
De nouveaux services publics vont fermer dans les semaines qui viennent dans le cadre des politiques d'austérité. Un décret ministériel prévu pour le 20 juillet compte fermer 13 hôpitaux publics, fusionner 330 cliniques et 500 laboratoires et transférer 600 des 1 200 cliniques de santé publique gérées par des médecins du secteur public. De plus, 32 écoles primaires et 89 maternelles seront fermées, 27 écoles et 13 maternelles seront fusionnées, et 39 autres seront déclassées. Ces décisions du gouvernement ont été condamnées par les organisations compétentes dans ces domaines. La Fédérationdes médecins des hôpitaux publics a appelé la fermeture des hôpitaux un "acte criminel" à une époque où le nombre des patients dans des institutions de santé publiques a augmenté de 40% parce que les gens ne peuvent plus payer des soins privés.
4. Skouries
Le Syndicats des policiers de Chalcidique a adressé une lettre au Ministère de l'ordre public le 15 juin pour exiger qu'au moins 10 escouades de police anti-émeute soient affectées de façon permanente à la région de Skouries, où il y a de fortes tensions entre la compagnie minière Hellas Gold et les habitants qui s'opposent au développement d'un immense projet minier à cause des dommages qu'il causerait à l'environnement et la l'économie de la région. Le Syndicat avance l'argument que le besoin de renforts policiers est permanent et que ces devoirs ne peuvent pas être assignés à des escouades transférées de façon temporaire depuis d'autres préfectures de Grèce du nord.
Pendant ce temps, le Comité de coordination contre les mines d'Ierissos a signalé que, le 19 juin, un habitant de Thessalonique a été détenu par des hommes de la Sûreté et forcé de donner un échantillon d'ADN. Cette personne vient s'ajouter à la longue liste de ceux qui ont été soumis à des prélèvements forcés d'ADN par la police lorsqu'ils ont été invités à témoigner au sujet d'une attaque incendiaire contre le site de Skouries en février cette année. Cependant, la vaste majorité des détenus étaient des habitants de Ierissos et des villages voisins, alors que très peu de cas ont été signalés à Thessalonique.
5. Procès liés à Indymédia Athènes
L'ancien recteur de l'Ecole polytechnique d'Athènes Konstantinos Mountzouris et le secrétaire général du Parti ouvrier révolutionnaire Savvas Michail passeront en justice après avoir été inculpés pour diffamation, incitation à la violence et perturbation de l'ordre public à la suite d'une plainte déposée par deux députés de l'Aube dorée.
Les députés néonazis avaient porté plainte contre un grand nombre de personnes et de groupes de gauche, mais le tribunal n'a retenu que les chefs d'accusation contre Mountzouris et Michail, le premier pour avoir permis au site d'Indymédia Athènes d'opérer dans son université, le second parce que son parti politique avait défini l'Aube dorée comme un parti néonazi qui organise des attaques contre des immigrés dans un texte publié en 2009.
Le procès aura lieu le 3 septembre.
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