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Sunday, 19 May 2013

Les droits des LGBT en Grèce: un nouveau cas de censure par l'Etat

Posted by @IrateGreek

La Pride d'Athènes a condamné le jeudi 16 mai, la décision du Conseil national de l'audiovisuel (CSA) d'interdire tous les spots publicitaires de la Pride d'Athènes jusqu'à ce qu'une session plénière du CSA puisse discuter de la pertinence de leur diffusion. La raison donnée par le CSA est le fait que les spots incluent un baiser lesbien.

Il s'agit du deuxième incident de ce type, de censure et de discrimination contre la communauté LGBT dans les médias grecs ces derniers mois. En Octobre 2012, la chaîne de télévision nationale NET avait décidé d'éliminer un baiser entre deux hommes dans un épisode de Downton Abbey. Après la colère des téléspectateurs sur les médias sociaux, surtout sur ​​Twitter avec le hashtag #puritaNET,  le directeur de la chaîne Kostas Spyropoulos avait dit que la scène avait été coupée en raison de l'heure de diffusion et de la classification "tous publics" du feuilleton, mais que les rediffusions après minuit comprendraient la scène - ignorant ainsi une décision du Conseil d'Etat en 2003 qui avait condamné la décision du CSA de censurer une scène de baiser gay sur la chaîne de télévision Mega.

Cet événement s'est produit la veille de la Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie et la publication de la Revue annuelle de la situation des droits humains des lesbiennes, gays, personnes bisexuelles, trans et intersexe en Europe par IGAL-Europe. La Grèce se classe au 25ème rang des 49 pays européens en termes de protection des droits des LGBTI,  avec les remarques suivantes au sujet de domaines d'intérêt spécifiques (citation du rapport):

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  • Violence fondée sur les préjugés: En octobre, la communauté gaie et lesbienne de Grèce (OLKE) a enregistré six agressions homophobes perpétrées par des groupes d'extrême-droite, qui ont été signalées à la police. Petros Sapountzakis, l'une des victimes, est un militant LGBT qui travaille dans le domaine de l'homophobie et de l'éducation. On rapporte que le nombre d'agressions homophobes augmente en raison de la présence croissante dans la société de groupes d'extrême droite, dont l'Aube dorée, ce qui se traduit par un niveau plus élevé de violence motivée par la haine. En novembre, 12 hommes ont agressé physiquement un groupe de bénévoles qui distribuaient des tracts anti-homophobes à Athènes. Les victimes ont été pourchassés dans la rue. Le Réseau d'enregistrement de la violence raciste, une initiative de la Commission nationale des droits de l'homme, du Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés en Grèce, et de 18 ONG, affirme que des groupes d'extrême-droite tels que l'Aube dorée propagent la haine contre la communauté LGBTI. [Ndlr: en voici la preuve, dans cet article violemment homophobe publié récemment sur le site de l'Aube dorée.]
  • Egalité et non-discrimination: En décembre, l'Association grecque de soutien aux transgenres (GTSA) a signalé un cas de harcèlement et de discrimination transphobe. La victime, une femme trans de 25 ans, a été confrontée à des problèmes lorsqu'elle a voulu s'inscrire en tant qu'étudiante. On lui a dit ensuite de ne pas venir à l'école, mais de venir aux examens. La GTSA a signalé que le directeur de l'école a également tenté de l'intimider en la dénigrant verbalement et en la menaçant de violence physique. La victime a également été par la suite harcelée par d'autres élèves. 
  • Liberté de réunion: In June, la première Pride de Thessaloniki, la deuxième ville du pays, a peu lieu. Cependant, la parade de la Pride n'a pas été sans incident, car quelques manifestants opposés à la Pride ont jeté des oeufs et crié des slogans hostiles envers les participants.  
  • Liberté d'expression: Outre le cas de Downton Abbey décrit ci-dessus, en novembre, la loi grecque sur le blasphème a été utilisé pour inculper Laertis Vasiliou, le metteur en scène de Corpus Christi, une pièce de théâtre dépeignant Jésus-Christ comme un homme gay. La poursuite pour "insulte à la religion" et "blasphème malveillant" a été déposée par un évêque orthodoxe. Quelques jours plus tôt, Vasiliou avait déjà décidé de suspendre le spectacle, après que ce dernier a fait l'objet de protestations, notamment de la part du parti néo-nazi Aube dorée, qui a participé à des manifestations violentes autour du théâtre et a battu des spectateurs et des journalistes. M. Vasiliou et sa famille ont également reçu à plusieurs reprises des menaces homophobes et racistes, y compris par message sur son téléphone fixe et mobile. Ce qui suit est une citation de l'une des menaces reçues: "Putain albanais, si tu sors de chez toi, nous allons t'enterrer vivant. Nous allons te couper la tête. Nous allons te couper en morceaux. "
  • Police et forces de l'ordre: En Août, la GTSA rapporté que la police avait arrêté 25 femmes trans au commissariat central d'Athènes, sans donner d'explication suffisante quant à la raison de leur détention. Les 25 femmes ont été forcées à subir des tests pour le VIH. Selon la GTSA, l'incident est également représentatif de problèmes relatifs à la protection des données personnelles de santé, puisque l'Autorité hellénique de protection des données personnelles considère que la publication de l'identité de personnes séropositives ne doit pas être considéré comme une violation de données à caractère personnel.
  • Opinion publique: Selon l'Eurobaromètre 2012, 65% des Grecs pensent que la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle est très répandue. Ce chiffre est légèrement plus élevé que la moyenne des 27 pays de l'UE (46%). 64% pensent que la discrimination fondée sur l'identité de genre est répandue. Ce chiffre est légèrement plus élevé que la moyenne de l'UE27 (45%). Le score des Grecs en réponse à la question de savoir s'ils seraient à l'aise avec une personne LGB dans la position politique élue la plus élevée du pays était de 4.5 sur une échelle de 1 (‘pas à l'aise du tout’) à 10 (‘tout à fait à l'aise’). Ce chiffre est nettement inférieur à la moyenne de l'UE27 (6.6). Le score des Grecs à la même question pour une personne transgenre/transsexe était 3.7. Ce chiffre est nettement inférieur à la moyenne de l'UE27 (5.7).

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La carte Rainbow Europe, qui est publiée en même temps que la Revue annuelle d'IGAL, montre que les personnes LGBTI sont confrontées à bien des difficultés en Grèce mais aussi dans les pays voisins des  Balkans. Le documentaire Alternative Balkan Caravan des cinéastes Lara Kristen, Alexia Kalaitzi and Theodora Malliarou, qui  qui traite de la vie des personnes homosexuelles, bisexuelles et transsexuelles en Albanie, en Serbie, en Bulgarie, en Roumanie, en Grèce et en Turquie, sera diffusé dans l'avenir proche. Vous pouvez regarder le trailer élargi ci-dessous et lire la traduction française des interviews ci-dessous.



TRADUCTION

"Nous ne les aimons pas parce que ce n'est pas naturel"

Petar (Serbie)
Quant à Belgrade, malgré les difficultés, c'est encore et toujours l'endroit où je me sens à l'aise et c'est ici que se trouvent tous mes amis. Donc, comme je l'ai dit, je n'ai jamais vraiment voulu partir, mais il se passe des choses comme l'annulation de la Pride, et c'est là que me vient l'idée que je voudrais quitter Belgrade.
En ce qui concerne ma vie professionnelle, maintenant, je n'ai aucun problème du tout. Le seul problème que j'ai eu c'était à l'école primaire et au secondaire, tout simplement lorsque quelqu'un crie 'eh, pédale', ou lorsque quelqu'un vient à moi et me demande: "Êtes-vous gai?" Ce à quoi je réponds: "A quel point tenez-vous à l'apprendre?"
Alexa (Roumanie)
Au début l'orientation sexuelle, pour moi, c'était confus. Je croyais que c'était dans l'instant, quand je buvais et que je m'amusais, et que c'était comme ça. Et au moment où j'ai commencé à aimer aussi les filles, je me suis dit que c'était à cause de l'alcool, pour s'amuser et être rebelle. Mais avec le temps c'est devenu plus que ça. Et franchement, je n'ai jamais essayé de le cacher. Après que je me suis acceptée telle que je suis, je n'ai jamais essayé de le cacher.
Mon opinion sur la Pride c'est que ça devrait être organisé et ne pas être quelque chose de choquant, par exemple en exagérant certaines caractéristiques de l'homosexualité ou en s'habillant d'une certaine manière ou en agissant de manière sexuellement provocante. C'est pour montrer à la société que les homosexuels ne sont pas différents, qu'ils sont juste vos voisins.
Dimitar (Bulgarie)
Le truc, c'est que je n'en ai jamais parlé à ma famille, mais je suis passé à la télé au moins dix fois, alors ils le savent. On n'en a juste jamais parlé. Ce n'est pas la manière la plus sympa de faire son coming out mais c'est plus facile parce qu'il y a moins d'émotion. Et ils sont ok. Ils n'ont jamais dit quelque chose de méchant. Ils sont gentils.
La plupart des hétérosexuels pensent que la Pride aggrave la situation parce que ça augmente les crimes de haine, ça augmente l'homophobie et tout ça. Mais en réalité c'est la manière de rendre les gais plus visibles. Oui, on se fait agresser après les Gay Pride, on est confrontés partout à beaucoup de discours de haine et d'homophobie à cause de la Pride. Mais c'est le seul moment où l'on discute de ces choses en public, parce que le reste du temps, c'est tabou. Personne ne parle des gais ou de quoi que ce soit, rien...
... et quand ces choses sont arrivées… - "Pédé" - C'est le voisin qui crie… nous ne sommes pas en très bon termes… en fait, il m'a traité de "tantouze"!
Omar (Turquie)
Même à Istamboul, je me suis fait maltraiter très, très souvent, et je pensais que c'était normal. Ce genre de chose arrive aussi à Ankara, ca dépend de la partie de la ville ou on se trouve. 
Je sais que beaucoup de mes amis gais ont des problèmes avec la religion, parce qu'ils savent qu'ils sont gais mais en même temps ils veulent être religieux. Et ils ont cette controverse, cette contradiction dans leur vie.
En général, pour entrer dans un bar en Turquie, ils vous demandent de venir avec une femme, alors on ne peut pas entrer seul dans un club, dans ce genre de club. Ils vous demandent d'avoir une dame. Et je trouve ça très problématique.
Ceyda (Albanie)
Je n'ai jamais eu de travail de ma vie! Je n'ai jamais travaillé. Pourquoi? Il faut dire pourquoi! Parce que si je vais quelque part et qu'ils me voient, ils ne m'embauchent jamais. Parce qu'ils ne me jugent pas par mes capacités, ils me voient juste comme ça, est-ce que c'est un garçon ou une fille. Merde! 
Quant j'avais 18 ou 19 ans, j'étais avec ma copine le soir, et quand nous sommes rentrées, ils ont commencé à nous dire des choses et à se rapprocher, et j'étais un peu nerveuse et je leur ai répondu... Et parce que c'était des garçons, ils ont commencé à nous donner des coups de poing, et l'un d'entre eux avait une bière et il m'a frappée sur le bras avec la bouteille. Mais ça, c'est... il se passe beaucoup de choses ici... surtout avec des garçons...
Dimitra (Grèce)
Quand j'étais adolescente et j'étais dans une relation avec un type, on regardait les filles ensembles. Lui, il m'avait déjà comprise alors que je ne me comprenais pas moi-même. Après j'ai commencé, quand je suis venue à Thessalonique, je me posais des questions tout le temps. C'est absurde, parce que j'étais homophobe, j'étais cette gamine typique qui, si on lui posait une question sur l'homosexualité, je la condamnais avec véhémence, et c'est pour ça que les gens disent que les homophobes les plus véhéments cachent peut-être quelque chose. Ensuite, j'ai commencé à avoir des relations avec des filles, mais j'étais encore très peureuse, je sentais que ce n'était pas ma place. Et puis, le temps est passé, je me suis détendue, je sentais que je m'exprimais à travers ces relations, et j'ai passé beaucoup de temps à réfléchir et en psychanalyse pour comprendre pourquoi j'étais comme ça. Est-ce que c'était à cause de mon environnement? Est-ce que quelque chose l'a déclenché, est-ce que je devrais chercher des stimuli? Est-ce que j'étais née comme ça? A la fin, je ne suis arrivée à aucune conclusion and j'ai arrêté de m'en préoccuper, parce que c'est ce que je suis, alors trouver les raisons, ce n'est peut-être pas le plus important.
Nous avons eu récemment une victoire judiciaire, quand Plevris a été condamné pour commentaires homophobes. C'est un début; mais ça dépend de si vous avez un bon avocat, de combien de groupes vont s'occuper de ce genre de sujet, parce que chaque homosexuel ne peut pas se protéger tout seul. Il faut de l'argent et des gens qui s'occupent de soutenir des actions légales.
"Je pense que si nous nous comprenons vraiment les uns les autres, si nous nous donnons de la place les uns aux autres, nous n'avons pas... nous n'aurons plus besoin de séparer les gens selon qu'ils sont homosexuels ou bisexuels ou selon la couleur de leurs cheveux ou d'où ils viennent, de quelle région... Vous comprenez..."



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