L'Association des étudiants d'Athènes manifeste devant l'hôtel Titania où les représentants des syndicats des enseignants sont en réunion. |
La question de la grève des enseignants du secondaire pendant les examens nationaux d'entrée à l'université a pris un nouveau tour hier soir, car la conférence des présidents des syndicats régionaux d'enseignants (ELME) semble s'orienter vers une suspension de la grève, malgré le vote massif en sa faveur par les assemblées générales des enseignants un jour plus tôt.
La situation peut être résumée ainsi:
- Le vendredi 10 mai, le président de la Confédération nationale des enseignants du secondaire (OLME) a annoncé que le conseil d'administration d'OLME recommandait une grève de 24 heures le premier jour des examens d'entrée à l'université, suivie d'une grève de 5 jours la semaine prochaine, pour protester contre les nouvelles mesures d'austérité imposées par le gouvernement au le secteur de l'éducation. Les ELME régionales devaient tenir des assemblées générales pour approuver ou rejeter cette proposition le mardi 14 mai, après quoi la grève serait annoncée officiellement.
- Le gouvernement a riposté en annonçant dès vendredi soir un ordre de mobilisation civile des enseignants, et a commencé à émettre et distribuer des ordres de mobilisation lundi matin, c'est-à-dire avant même que la grève ne soit officiellement déclarée. Il faut noter ici que l'ordre de mobilisation civile n'est pas limité dans le temps, ce qui signifie que le droit de grève des enseignants est de fait aboli jusqu'à nouvel ordre. Les enseignants et d'autres groupes professionnels qui se sont joints à eux par solidarité ont manifesté devant le parlement dans la soirée du lundi 13 mai pour protester contre la gestion des actions collectives par le gouvernement.
- Les assemblées générales des ELME ont eu lieu le mardi 14 mai. Le taux de participation était très élevé à travers la Grèce et les enseignants ont voté en masse en faveur de la grève malgré l'ordre de mobilisation civile. Il est cependant difficile de savoir si ce vote était purement symbolique ou si les assemblées avaient réellement l'intention de faire la grève.
- L'ordre de mobilisation civile émis par le gouvernement a donné lieu à un élan de solidarité à l'égard d'OLME de la part de syndicats et d'associations en Grèce mais aussi à l'étranger. En Grèce toutefois, les tensions entre les principaux syndicats sont fortes: OLME a fait une critique acerbe d'ADEDY (le syndicat-chapeau des fonctionnaires) qui avait décidé d'aller en grève le mardi 14 avril au lieu du vendredi, comme l'avaient demandé les enseignants. ADEDY et GSEE (la Confédération générale des travailleurs) seront également en arrêt du travail pendant 3 heures aujourd'hui pour protester contre la mobilisation civile. Le syndicat affilié au Parti communiste, PAME, lui, s'était opposé à la grève proposée par OLME dès le départ et avait proposé un autre scénario, qui a été rejetée par les assemblées des ELME. D'autre part, la Fédération des enseignants de l'école primaire sera en grève demain par solidarité avec leurs collègues du secondaire.
- Les présidents des ELME étaient réunis à Athènes hier soir pour prendre une décision finale au sujet de la grève. Le congrès a voté en faveur de la grève en principe, mais un deuxième vote portant sur la faisabilité réelle de la grève a eu pour résultat 18 voix pour, 9 voix contre et 57 votes blancs. Les représentants des syndicats affiliés à la Nouvelle Démocratie, au PASOK et au SYRIZA au sein du conseil d'administration d'OLME ont fait valoir que ces résultats montrent que la grève n'est pas faisable et devrait donc être suspendue. Les représentants de syndicats affiliés à des partis de gauche radicale les ont accusés de "vendre" la grève et le vote des assemblées générales. SYRIZA en particulier a essuyé des critiques pour avoir refusé d'endosser la responsabilité politique de soutenir la mise en oeuvre d'une grève malgré la mobilisation civile.
Nous mettrons ce poste à jour tout au long de la journée.
The non-demonstration in Klafthmonos square at 1pm Picture by @MakisSinodinos |
La manifestation organisée aujourd'hui à Athènes par GSEE et ADEDY n'a tout simplement pas eu lieu. Il n'y avait aucun participant, les dirigeants de GSEE et ADEDY ne se sont eux-mêmes pas donné la peine de se déplacer.
Sur notre blog en grec, @galaxyarchis a commencé à compiler les déclarations de syndicats au sujet des événements d'hier. Les représentants de PAME au CA d'OLME ont dit que "la direction syndicale d'OLME a mené une profession entière dans une impasse. Nous avons dit clairement dès le début que le mouvement aujourd'hui peut faire face aux politiques antipopulaires, autoritaires du gouvernement uniquement à travers la lutte unitaire avec d'autres corps de métier et en collaboration avec la classe populaire. Il ne peut y faire face qu'à travers une lutte fondée sur un plan organisé pour gérer la confrontation et offrir des perspectives. La direction d'OLME n'a rien fait de tel. La direction d'OLME a éliminé toute disposition des enseignants à s'engager dans la luttle, une disposition qui s'était exprimée par la participation de 20 000 colleagues aux assemblées générales."
Pendant ce temps, les syndicats affiliés aux partis de gauche radicale ont condamné la manipulation du congrès des présidents des ELME par les syndicats affiliés à la Nouvelle démocratie, au PASOK et à SYRIZA et ont qualifié le processus de "coup d'Etat". Leur déclaration dit: "alors qu'ils [ces syndicats] n'avaient pas le droit, selons les statuts même d'OLME, d'invalider la décision des assemblées générales, ils ont fait le nécessaire pour enterrer la grève et les autres formes de mouvement."
Les syndicats affiliés à la Nouvelle Démocratie, au PASOK et à SYRIZA et la direction d'OLME n'ont pas encore émis de déclaration officielle au sujet du congrès d'hier.
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