1. La police grecque torture
Samedi 2 février, la police a arrêté quatre jeunes gens âgés de 20 à 25 ans, à Velvendo Kozanis. Suspectés pour des hold-up de banques, on leur reproche aussi leurs liens avec l’organisation terroriste Cellules de feu. Détenteurs d’armes, les suspects n’ont pas caché leur engagement politique dans la mouvance anarchiste. Détenus pendant quatre heures au commissariat, il y ont manifestement été passé à tabac et subis des humiliations diverses. Des blessures graves, des vertiges, et des ecchymoses visibles ont été constatées. Et pourtant, au lieu d’être conduits à l’hôpital, ils ont été transférés à la direction générale de la Police, où ils ont été retenus durant plusieurs heures, sans accès aux soins ni possibilité de contacter leurs avocats ou leurs familles. La police a publié sur son site web des photos des quatre détenus, ostensiblement retouchées pour faire disparaître les blessures. Des membres de la famille, ayant réussi à les rencontrer plus tard, ont rapporté que les détenus étaient menottés et n’ont pu offrir la moindre résistance à leurs tortionnaires. D’après les rapports, quand les suspects, blessés, ont été finalement transférés à l’hôpital, leur prise en charge et leurs soins ont été effectuées en présence des policiers et des forces antiterroristes, particulièrement agressifs envers le personnel de l’hôpital.
Le ministre de l’Ordre public, Nikos Dendias, lors d’un entretien à la télé, justifiant la publication de ces photos “pour obtenir des témoignages” a assumé leur retouche afin que: “les suspects soient reconnaissables”.
Relevons la montée de certains journalistes au créneau pour tenter de justifier les tortures, au nom de la présumée culpabilité des suspects sur les hold-up et leurs contacts avec une organisation terroriste, et bien que rien n’ait été prouvé jusqu’à maintenant.
Amnesty International et l’Union grecque pour les droits de l’Homme ont publié des communiqués condamnant fermement le recours à de telles méthodes.
Entre-temps, les 15 motards antifascistes, arrêtés et torturés dans les locaux de la direction générale de la police, au mois de septembre, suite à leur participation à une manifestation, ont porté plainte contre les policiers s’étant livrés à des actes de torture sur leur personne. Rappelons que le ministre de l’Ordre public avait, à l’époque, exprimé des doutes sur de telles pratiques et menacé le Guardian – dénonçant vigoureusement les faits – de poursuite devant les tribunaux. Menace restée sans suite.
2. Des menaces de mort contre un journaliste du magazine Unfollow
Dans une enquête sur la contrebande de pétrole, publiée par le mensuel Unfollow dans son édition du 31 janvier, les entreprises Aegean Oil et Pétrole Grec étaient nommément mises en cause. Le lendemain, le journaliste d’investigation Lefteris Charalambopoulos recevait à son bureau un coup de fil de menaces de mort. En haut-parleur et devant témoins, l’interlocuteur s’est lui-même présenté comme Dimitris Melissanidis, le propriétaire d’Aegean Oil en personne. Et l’appel provenait bien, après vérification, de l’entreprise en question. Au cours de la conversation d’une vingtaine de minutes, l’interlocuteur a d’abord menacé le journaliste de poursuites devant les tribunaux. La conversation s’envenimant en dépit des efforts du journaliste pour calmer les esprits, les menaces de poursuites se sont transformées en menaces de mort contre lui-même et ses proches.
La rédaction d’Unfollow, rejointe par le syndicat des journalistes ESIEA, a interpellé les autorités, d’une part pour diligenter immédiatement une enquête, d’autre part pour protéger les journalistes et la liberté de la presse. Les autorités en question sont restées muettes. Le patron d’Aegean Oil s’est néanmoins défendu, par la suite et via son avocat, d’avoir passé un tel coup de téléphone.
Du côté des dockers, suite à l’échec de négociations avec le ministre de la Marine marchande, un préavis avait été déposé pour les 5 et 6 février. En jeu : le versement de leurs salaires, impayés depuis un an, le maintien de la couverture de leurs soins de santé et le maintien, là encore, de leur convention collective. Le ministre s’était engagé, lors des négociations à ne procéder à aucune réquisition de salariés. Suite au vote des salariés prolongeant la grève jusqu’au vendredi, il est revenu cet engagement le mardi 5 février. La réponse des grévistes a été une occupation symbolique du port du Pirée et une manifestation. Dès le mercredi matin, les premiers mandats de réquisition étaient envoyés, tandis que la police s’attaquait aux piquets de grève du port.
Mercredi 6 février, le syndicat GSEE a, une fois encore, très fermement condamné la politique autoritaire du gouvernement et appelé à une grève générale de 24 heures dans le département de l’Attique. Le Centre Ouvrier du Pirée et ceux d'autres villes se sont joints à cet appel par solidarité. De l'autre côté, le syndicat des dockers a en plus invité ses adhérents à ne pas accepter les mandats de réquisition et à poursuivre la grève, tout en annulant celle dans les autres ports pour concentrer la lutte au Pirée. Par solidarité encore, les chauffeurs routiers ont décidé un arrêt de travail de quatre heures. À l’appel des dockers et de PAME, le syndicat proche du Parti Communiste, une manifestation s’est dirigée vers le ministère de la Marine marchande, au Pirée, bloquée à bonne distance par les forces de l’ordre. Refusant de recevoir une délégation de grévistes, le ministre a tout de même accepté de rencontrer Aleka Papariga, la secrétaire générale du Parti Communiste, qui a par contre réfusé cette rencontre. La grève, quant à elle, a été reconduite jusqu’à lundi.
Pour terminer : à l’instar de GSEE, ADEDY, le syndicat de la fonction publique, et PAME ont par ailleurs appelé à une nouvelle grève générale de 24 heures, le 20 février. Les travailleurs veulent protester contres les réquisitions de salariés, et pour demander le maintien des conventions collectives.
4. Le cas de Konstantina Kouneva
Lors des fêtes de Noël 2008, Konstantina Kouneva, immigrée devenue connue en Grèce pour avoir créé un syndicat des travailleurs dans le secteur de la propreté et du nettoyage, était sauvagement agressée à l’acide caustique. Elle en est ressortie défigurée et a perdu la vision d’un œil. Ses agresseurs n’ont jamais été identifiés. L’enquête a toutefois révélé que l’agression provenait du cercle des employeurs du secteur, agacés par les luttes de cette militante, infatigable pour revendiquer des conditions de travail décente et l’application d’un Droit du travail systématiquement contourné. Ce n’est que mardi dernier, 5 février, soit plus de cinq ans après les faits, que l’affaire a été entendue par le tribunal du Pirée. Le procès est toujours en cours.
5. Manifestation en hommage à la mort d’un immigrant
Un commerçant ambulant d’origine sénégalaise a été tué par électrocution, le ler février, en tombant sur les rails d’un train à Athènes. Il tentait d’échapper à la police municipale effectuant un contrôle contre le commerce illégal.
Mardi 5 février, des associations d’immigrants, des mouvements de jeunes et de citoyens ont organisé une manifestation à Athènes, pour s’indigner de ce drame et de la brutalité des autorités contre les immigrants. Ils ont protesté, plus généralement, contre la politique d’immigration du gouvernement.
6. Mobilisations des agriculteurs
7. Tentative d’attaque contre le squat de la Villa Zografou
Dans la soirée du samedi 2 février, suite à un rassemblement au centre d’Athènes, des supporteurs de l’Aube Dorée, se sont rapprochés de façon menaçante du squat de la Villa Zografou, à Athènes. Pour le défendre, quelque 200 personnes se sont précipitées sur les lieux, ainsi que la police. On soupçonne cette dernière d’avoir voulu prendre les troubles déclenchés par l’Aube Dorée comme prétexte pour investir le squat. Les affrontements ont été évités de justesse, les policiers et fascistes quittant les lieux rapidement.
Samedi 2 février, la police a arrêté quatre jeunes gens âgés de 20 à 25 ans, à Velvendo Kozanis. Suspectés pour des hold-up de banques, on leur reproche aussi leurs liens avec l’organisation terroriste Cellules de feu. Détenteurs d’armes, les suspects n’ont pas caché leur engagement politique dans la mouvance anarchiste. Détenus pendant quatre heures au commissariat, il y ont manifestement été passé à tabac et subis des humiliations diverses. Des blessures graves, des vertiges, et des ecchymoses visibles ont été constatées. Et pourtant, au lieu d’être conduits à l’hôpital, ils ont été transférés à la direction générale de la Police, où ils ont été retenus durant plusieurs heures, sans accès aux soins ni possibilité de contacter leurs avocats ou leurs familles. La police a publié sur son site web des photos des quatre détenus, ostensiblement retouchées pour faire disparaître les blessures. Des membres de la famille, ayant réussi à les rencontrer plus tard, ont rapporté que les détenus étaient menottés et n’ont pu offrir la moindre résistance à leurs tortionnaires. D’après les rapports, quand les suspects, blessés, ont été finalement transférés à l’hôpital, leur prise en charge et leurs soins ont été effectuées en présence des policiers et des forces antiterroristes, particulièrement agressifs envers le personnel de l’hôpital.
Le ministre de l’Ordre public, Nikos Dendias, lors d’un entretien à la télé, justifiant la publication de ces photos “pour obtenir des témoignages” a assumé leur retouche afin que: “les suspects soient reconnaissables”.
Relevons la montée de certains journalistes au créneau pour tenter de justifier les tortures, au nom de la présumée culpabilité des suspects sur les hold-up et leurs contacts avec une organisation terroriste, et bien que rien n’ait été prouvé jusqu’à maintenant.
Amnesty International et l’Union grecque pour les droits de l’Homme ont publié des communiqués condamnant fermement le recours à de telles méthodes.
Entre-temps, les 15 motards antifascistes, arrêtés et torturés dans les locaux de la direction générale de la police, au mois de septembre, suite à leur participation à une manifestation, ont porté plainte contre les policiers s’étant livrés à des actes de torture sur leur personne. Rappelons que le ministre de l’Ordre public avait, à l’époque, exprimé des doutes sur de telles pratiques et menacé le Guardian – dénonçant vigoureusement les faits – de poursuite devant les tribunaux. Menace restée sans suite.
2. Des menaces de mort contre un journaliste du magazine Unfollow
Dans une enquête sur la contrebande de pétrole, publiée par le mensuel Unfollow dans son édition du 31 janvier, les entreprises Aegean Oil et Pétrole Grec étaient nommément mises en cause. Le lendemain, le journaliste d’investigation Lefteris Charalambopoulos recevait à son bureau un coup de fil de menaces de mort. En haut-parleur et devant témoins, l’interlocuteur s’est lui-même présenté comme Dimitris Melissanidis, le propriétaire d’Aegean Oil en personne. Et l’appel provenait bien, après vérification, de l’entreprise en question. Au cours de la conversation d’une vingtaine de minutes, l’interlocuteur a d’abord menacé le journaliste de poursuites devant les tribunaux. La conversation s’envenimant en dépit des efforts du journaliste pour calmer les esprits, les menaces de poursuites se sont transformées en menaces de mort contre lui-même et ses proches.
La rédaction d’Unfollow, rejointe par le syndicat des journalistes ESIEA, a interpellé les autorités, d’une part pour diligenter immédiatement une enquête, d’autre part pour protéger les journalistes et la liberté de la presse. Les autorités en question sont restées muettes. Le patron d’Aegean Oil s’est néanmoins défendu, par la suite et via son avocat, d’avoir passé un tel coup de téléphone.
3. Grèves
Les journalistes du secteur public ont entamé une grève le mardi 5 février, reconduite au jour suivant. Le maintien de la convention collective était au cœur des revendications. Un grand rassemblement s’est tenu devant ESIEA, le syndicat de leur corporation.
Les journalistes du secteur public ont entamé une grève le mardi 5 février, reconduite au jour suivant. Le maintien de la convention collective était au cœur des revendications. Un grand rassemblement s’est tenu devant ESIEA, le syndicat de leur corporation.
Du côté des dockers, suite à l’échec de négociations avec le ministre de la Marine marchande, un préavis avait été déposé pour les 5 et 6 février. En jeu : le versement de leurs salaires, impayés depuis un an, le maintien de la couverture de leurs soins de santé et le maintien, là encore, de leur convention collective. Le ministre s’était engagé, lors des négociations à ne procéder à aucune réquisition de salariés. Suite au vote des salariés prolongeant la grève jusqu’au vendredi, il est revenu cet engagement le mardi 5 février. La réponse des grévistes a été une occupation symbolique du port du Pirée et une manifestation. Dès le mercredi matin, les premiers mandats de réquisition étaient envoyés, tandis que la police s’attaquait aux piquets de grève du port.
Mercredi 6 février, le syndicat GSEE a, une fois encore, très fermement condamné la politique autoritaire du gouvernement et appelé à une grève générale de 24 heures dans le département de l’Attique. Le Centre Ouvrier du Pirée et ceux d'autres villes se sont joints à cet appel par solidarité. De l'autre côté, le syndicat des dockers a en plus invité ses adhérents à ne pas accepter les mandats de réquisition et à poursuivre la grève, tout en annulant celle dans les autres ports pour concentrer la lutte au Pirée. Par solidarité encore, les chauffeurs routiers ont décidé un arrêt de travail de quatre heures. À l’appel des dockers et de PAME, le syndicat proche du Parti Communiste, une manifestation s’est dirigée vers le ministère de la Marine marchande, au Pirée, bloquée à bonne distance par les forces de l’ordre. Refusant de recevoir une délégation de grévistes, le ministre a tout de même accepté de rencontrer Aleka Papariga, la secrétaire générale du Parti Communiste, qui a par contre réfusé cette rencontre. La grève, quant à elle, a été reconduite jusqu’à lundi.
Pour terminer : à l’instar de GSEE, ADEDY, le syndicat de la fonction publique, et PAME ont par ailleurs appelé à une nouvelle grève générale de 24 heures, le 20 février. Les travailleurs veulent protester contres les réquisitions de salariés, et pour demander le maintien des conventions collectives.
4. Le cas de Konstantina Kouneva
Lors des fêtes de Noël 2008, Konstantina Kouneva, immigrée devenue connue en Grèce pour avoir créé un syndicat des travailleurs dans le secteur de la propreté et du nettoyage, était sauvagement agressée à l’acide caustique. Elle en est ressortie défigurée et a perdu la vision d’un œil. Ses agresseurs n’ont jamais été identifiés. L’enquête a toutefois révélé que l’agression provenait du cercle des employeurs du secteur, agacés par les luttes de cette militante, infatigable pour revendiquer des conditions de travail décente et l’application d’un Droit du travail systématiquement contourné. Ce n’est que mardi dernier, 5 février, soit plus de cinq ans après les faits, que l’affaire a été entendue par le tribunal du Pirée. Le procès est toujours en cours.
5. Manifestation en hommage à la mort d’un immigrant
Un commerçant ambulant d’origine sénégalaise a été tué par électrocution, le ler février, en tombant sur les rails d’un train à Athènes. Il tentait d’échapper à la police municipale effectuant un contrôle contre le commerce illégal.
Mardi 5 février, des associations d’immigrants, des mouvements de jeunes et de citoyens ont organisé une manifestation à Athènes, pour s’indigner de ce drame et de la brutalité des autorités contre les immigrants. Ils ont protesté, plus généralement, contre la politique d’immigration du gouvernement.
6. Mobilisations des agriculteurs
Lundi 4 février, les agriculteurs sont repartis sur les routes, en commençant par bloquer les autoroutes du nord de la Grèce. Presque 200 tracteurs ont emprunté l’autoroute de Thessalonique à Serres, sans empêcher la circulation et sous la surveillance discrète de la police. Ce même jour, des tracteurs convergeaient vers le carrefour de Larissa, en laissant, là aussi, les autres véhicules circuler librement. Selon des témoins, la police a quand même bloqué l’accès au carrefour et mis en place des itinéraires de contournement. Interrogés par les automobilistes sur les raisons d’un tel dispositif, les policiers répondaient qu’ “ils exécutaient des ordres”. Mardi 5 février, les agriculteurs crétois ont pris le relais.
Mardi encore, 4 agriculteurs syndicalistes ont été condamnés à 8 mois de prison avec sursis, pour “avoir entravé le transport”, lors d’un mouvement similaire remontant à 2008.
Mardi encore, 4 agriculteurs syndicalistes ont été condamnés à 8 mois de prison avec sursis, pour “avoir entravé le transport”, lors d’un mouvement similaire remontant à 2008.
7. Tentative d’attaque contre le squat de la Villa Zografou
Dans la soirée du samedi 2 février, suite à un rassemblement au centre d’Athènes, des supporteurs de l’Aube Dorée, se sont rapprochés de façon menaçante du squat de la Villa Zografou, à Athènes. Pour le défendre, quelque 200 personnes se sont précipitées sur les lieux, ainsi que la police. On soupçonne cette dernière d’avoir voulu prendre les troubles déclenchés par l’Aube Dorée comme prétexte pour investir le squat. Les affrontements ont été évités de justesse, les policiers et fascistes quittant les lieux rapidement.
***
No comments:
Post a Comment