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Sunday, 30 June 2013

Bulletin d'informations du 29 Juin 2013 en Grèce #38

                                 Bulletin FR 20130629 by Irategreek on Mixcloud (Télécharger)

A la une de #rbnews international cette semaine:
  • L'anarchiste Kostas Sakkas en est à son 25ème jour de grève de la faim, demandant d'être libéré, après que sa détention "provisoire" de 30 mois a été prolongée d'encore 6 mois sans procès. 
  • ERT demeure exclue des ondes une semaine après la décision du Conseil d'Etat qui ordonnait la reprise immédiate de la diffusion audiovisuelle.
  • 12 500 fonctionnaires devront être mis en disponibilité jusqu'au 8 juillet, selon les décisions de la troika et du gouvernement grec.
  • Les licenciements et les fermetures de grandes entreprises se multiplient, pendant que le chômage demeure en hausse constante et que le droit du travail est constamment violé.
  • La dirigeante du Parti vert canadien a été le témoin des méthodes d'Eldorado Gold à Skouries en Chalcidique. 

1. Grève de la faim de Kostas Sakkas

La grève de la faim entamée en prison par l'anarchiste Kostas Sakkas le 04 juin 2013 ne lui a pas valu un meilleur traitement de la part des autorités judiciaires mais a réussi à rendre publique la question des procès iniques et des détentions arbitraires. Sakkas a été emprisonné sans procès depuis son arrestation le 04 décembre 2010.
Kostas Sakkas avait été arrêté à Athènes à la sortie d'un entrepôt de location qui contenait des armes. Il avait été inculpé pour possession d'armes illégale et participation à un groupe terroriste non identifié. Par la suite, un chef d'accusation supplémentaire a été ajouté, pour participation au groupe connu sous le nom de "Conspiration des cellules de feu", bien que son nom ne soit pas mentionné dans l'acte d'accusation du procès qui est déjà en cours pour les activités de cette organisation particulière. Ces chefs d'accusation lui ont valu une période de détention provisoire de 18 mois, qui est le maximum légal en Grèce.
Cependant, deux mois avant l'expiration de cette période de détention provisoire, et avant même que son procès ne commence, il a été inculpé de nouveau sous le même chef d'accusation, pour participation à la "Conspiration des cellules de feu", et une nouvelle période de détention d'un an lui a été imposée, portant le total à 30 mois. Ses avocats ont contesté la légalité d'une nouvelle inculpation sous le même chef d'accusation, mais sans effet.
Le procès pour cette nouvelle inculpation n'a même pas commencé, mais le Conseil des magistrats des cours d'appel a décidé récemment de prolonger cette période de détention provisoire de 6 mois, en contravention du Code pénal qui stipule clairement qu'une seconde période de détention provisoire ne peut durer plus d'un an. Sakkas risque donc de passer en tout trois ans en prison sans procès, malgré le fait que ceci viole explicitement la loi grecque, la Constitution grecque et la Convention européenne des droits de l'Homme.
Sakkas a entamé une grève de la faim le 4 juin afin de protester contre la dernière prolongation de sa période de détention. Sa santé se dégrade rapidement et il a été transféré à l'Hôpital général de Nikaia.
Le parti d'opposition SYRIZA a soulevé la question au parlement, qualifiant une période de détention provisoire aussi longue d'"exemple de justice arbitraire." La réaction du gouvernement, exprimée à travers un communiqué de presse du parti majoritaire de la coalition, la Nouvelle démocratie, est extrêmement inquiétante, car elle se limite à demander à SYRIZA de "cesser de soutenir toutes sortes de personnes accusées d'anarchisme et de terrorisme." L'implication qu'une opinion politique telle que l'anarchisme puisse être un chef d'accusation a causé un tollé, mais la Nouvelle démocratie n'a pas retiré cette déclaration.
Diverses campagnes ont été organisées cette semaine sur les médias sociaux pour demander la libération de Sakkas. Ses avocats ont tenu ne conférence de presse jeudi 27 juin pour expliquer son cas, et une manifestation de soutien est en cours ce samedi matin.

2. Fermeture de ERT, suite

La radiotélévision publique grecque ERT n'est toujours pas de retour sur les ondes, plus d'une semaine après que le Conseil d'Etat a rendu un jugement que la radiodiffusion doit recommencer immédiatement suite à la décision du gouvernement, le 10 juin, de fermer ERT immédiatement. Le personnel de ERT continue à occuper le quartier général à Athènes et à émettre un programme de diffusion pirate avec l'aide de l'UER, qui le diffuse sur son site web et le retransmet par satellite. L'UER a également permis à ERT de proposer de véritables contenus à ses spectateurs cette semaine en lui donnant accès à la diffusion d'événements sportifs en direct. Les bureaux régionaux sont également occupés par des employés, et les radios et chaînes de télévision de ERT diffusent de fait dans la plus grande partie du pays, bien que parfois sur des fréquences hertziennes faibles qui changent constamment. Il a été signalé au début de la semaine que plus de 4 millions de spectateurs uniques ont regardé ERT en ligne depuis sa fermeture.
Les employés de ERT ont tenu une série de conférences de presse cette semaine pour mettre en lumière les problèmes de la gestion gouvernementale de l'agence. Ils ont révélé par exemple que 26 personnes recrutées comme consultants pour ERT gagnent autant que les 661 journalistes permanents. De plus, ils ont indiqué que la fermeture inopinée de ERT va coûter environ 300 millions d'euros à l'Etat grec, avec le paiement des indemnités de licenciement des employés, les ruptures de contrats pour la rediffusion de grands événements sportifs internationaux, et la perte des sommes investies pour les équipements de diffusion numérique achetés par ERT pour participer à l'appel d'offre pour le fournisseur de réseau numérique, qui commence le 30 juin.
Les rassemblements de solidarité devant ERT et les concerts et autres événements culturels organisés par les orchestres de ERT ont continué cette semaine. Une assemblée de douzaines de syndicats et de représentants syndicaux le 25 juin a voté une motion pour continuer à soutenir les revendications des employés de ERT et a adressé un appel aux fédérations syndicales, leur demandant d'élargir leur soutien et de prendre des mesures appropriées.
Des indemnités partielles ont été virées sur les comptes en banque des employés de ERT cette semaine par le Ministère des finances, qui cherche à formaliser les licenciements. Le Ministre des finances Yiannis Stournaras continue cependant à insister sur le fait que, pour compléter les paiements, les employés doivent vider les lieux, sous prétexte que le Ministère a besoin des archives. De plus, des lettres de résiliation de contrat ont été envoyées par la poste aux employés de ERT au nom de Gkikas Manelis, l'administrateur spécial nommé par le Ministère pour la liquidation de ERT - mais sans le cachet du Ministère, ni même sa signature.
La fermeture de ERT est a l'origine de la plus grande crise politique en Grèce depuis les élections de 2012 et a causé le départ de la Gauche démocratique de la coalition gouvernementale. Une analyse du remaniement ministériel qui a suivi révèle que le PASOK, qui a maintenant 11 postes de ministre et de vice-ministre, est maintenant bien plus représenté au gouvernement que sa force électorale ou parlementaire ne le laisserait présager, alors que la tendance politique générale du gouvernement, qui est maintenant soutenu par deux partis, a viré à droite. L'analyste politique Pantelis Kapsis, qui avait été porte-parole du gouvernement Papademos en 2011-2012, et qui a de forts liens à la chaîne de télévision privée Mega ainsi qu'au groupe médiatique Lambrakis, a été nommé vice-ministre responsable de la radiotélévision publique.

3. Mise en disponibilité de 12 500 fonctionnaires

Une autre conséquence immédiate du remaniement ministériel est que deux amendements proposés par les ministères de l'Education et de l'Intérieur, demandant la mise en disponibilité immédiate de 12 500 fonctionnaires, qui avaient été rejetés par l'ancien Ministre de la réforme administrative Antonis Manitakis, sont de nouveau sur le tapis. Ces 12 500 fonctionnaires sont des enseignants du secondaires et des emploés municipaux, et doivent être mis en disponibilité avant le 8 juillet, sous la pression de la troika qui aurait établi cette précondition au versement de la prochaine tranche de prêts de 8,1 millions d'euros. Le personnel mis en disponibilité recevra 75% de son salaire pendant un an, après quoi ils seront licenciés s'ils n'ont pas été renommés à un autre poste dans le service public.

4. Grèves dans le secteur privé et droit du travail

Le Bureau international du travail a organisé un atelier le 25 juin sur la question des politiques contre le chômage en Grèce, dix jours après avoir condamné la Grèce pour des violations répétés du droit du travail.
Le chômage dans le pays ne manifeste aucun signe d'amélioration. Il a été signalé cette semaine que le groupe Nutriart, proriétaire de la plus ancienne compagnie grecque, Allatini, fondée en 1802, a fait banqueroute, laissant derrière lui 1 000 chômeurs sans indemnités de licenciement. Un autre exemple de licenciement abusif est le cas du producteur de ciment AGET-Iraklis, une filiale de Lafarge. La décision de la compagnie de procéder au licenciement collectif de 229 employés a été renversée par le Ministère du travail, mais AGET a fait appel au Conseil d'Etat. C'est la un exemple-type d'une corporation privée qui exige la suppression de toutes les conditions aux licenciements.

5. Skouries

La dirigeante du Parti des verts et députée canadienne Elizabeth May a vécu de première main les méthodes de la compagnie Hellas Gold lorsqu'elle a essayé de visiter le chantier d'exploitation minière de Skouries en Chalcidique du nord-est. May se trouvait en Grèce à la suite d'une invitation du parti vert grec.
La députée canadienne était en route vers le chantier de Skouries en compagnie d'un groupe d'habitants de la région qui s'opposent au projet minier lorsqu'elle a trouvé la route barrée par une pelleteuse de la compagnie qui creusait un fossé en travers de la route pour bloquer le passage. May a également exprimé sa colère contre les cadres d'Eldorado Gold, la compagnie-mère d'Hellas Gold qui est basée au Canada, qui lui avaient dit que les habitants de la région étaient en faveur du projet minier: "Ils m'ont menti au Canada. Ils m'ont affirmé que les habitants de Chalcidique et de Thrace sont en faveur de la mine d'or, mais je constate le contraire. The PDG d'Eldorado Gold, Paul Wright, est un menteur." Elle s'est engagée à soutenir la lutte des habitants contre la mine d'or par tous les moyens.
Malgré le rejet du dernier appel des associations locales contre le projet minier par le Conseil d'Etat cette semaine, les habitants ont remporté une victoire légale lorsqu'ils ont obtenu une ordonnance d'un tribunal pour suspendre toutes les activités de la compagnie minère dans le bassin du torrent Karatzas. La zone de Karatzas a été la scène de divers incidents ces dernières semaines en raison des activités de déforestation menées par Hellas Gold, qui a l'intention de transformer ce bassin luxuriant en décharge de déchets toxiques.

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