Saturday, 25 May 2013

Bulletin d'informations du 25 mai 2013 en Grèce #33

Préparé par l'équipe de #rbnews international, traduit par @IrateGreek


(téléchargement)

A la une de #rbnews international cette semaine:
  • Le nouveau projet de loi contre le racisme rencontre des obstacles politiques avant même d'être discuté au cours d'une session plénière du parlement, non seulement de la part de l'Aube dorée mais aussi de la part de la Nouvelle démocratie.
  • La dégradation de la situation des droits de l'Homme en Grèce a été mise en lumière cette semaine par diverses organisations, dont Amnesty International et l'Unicef.
  • Les policiers protestent contre le fait qu'ils doivent monter la garde autour d'un chantier de mine de métaux en Chalcidique, alors que leur chef ne juge pas nécessaire de se présenter à un procès d'activistes contre la mine.
  • Les employés de deux des plus grandes compagnies de produits laitiers en Grèce, MEVGAL et FAGE, sont en grève depuis plusieurs semaines.
  • Le gouvernement a l'intention de privatiser un monument à la Résistance grecque pendant la Seconde guerre mondiale.
  • L'inquiétude monte, et pas seulement parmi les partis de gauche, au sujet du fait que des députés de l'Aube dorée viennent armés au parlement



1. Racisme, fascisme et xénophobie

Le nouveau projet de loi contre le racisme, qui a été préparé par le ministre de la Justice Antonis Roupakiotis et propose des sanctions beaucoup plus sévères contre toutes les formes de racisme que la législation actuelle, est confronté une fois de plus à des obstacles  non seulement de la part du parti néo-nazi Aube dorée, mais aussi de la part du plus grand parti de la coalition gouvernementale, la Nouvelle Démocratie. Le projet de loi a été remis au Comité législatif central du Parlement, où il est maintenant bloqué car les députés de la Nouvelle démocratie font valoir que la décision-cadre européenne de 2008, qui serait incorporée dans la législation nationale par ce projet de loi, n'engage pas la Grèce, sous prétexte que la Grèce a mis en place une loi anti-raciste dès 1979. Cette manœuvre est perçue par beaucoup comme un simple artifice de procédure, dans la mesure où plusieurs membres éminents de la Nouvelle démocratie, dont le Premier ministre Samaras lui-même, se sont livrés à des déclarations publiques xénophobes, voire ouvertement racistes par le passé. Les dirigeants des trois partis formant la coalition gouvernementale, à savoir la Nouvelle Démocratie, le PASOK et la Gauche démocratique, doivent se réunir lundi après-midi pour régler leurs différends au sujet du projet de loi.
Le projet de loi a également été condamné par l'évêque Amvrosios de Kalavryta, qui l'a qualifié de "méprisable". Amvrosios a par la suite pris la tête d'une délégation de prêtres grecs orthodoxes qui ont apporté une lettre avec leurs objections au Parlement. La sympathie de l'évêque Amvrosios envers l'Aube dorée est largement reconnue.
Pendant ce temps, les anti-fascistes tentent de s'organiser, mais sont également confrontés à l'hostilité de la police et des autorités locales. Une manifestation dans la ville de Patras, contre un événement public de l'Aube dorée dans la soirée du dimanche 19 mai a pris fin avec l'arrestation de 4 militants anti-fascistes et la détention de 40 autres. A Kalamata  une initiative a été lancée pour recueillir des signatures après que le maire a annoncé qu'il ne s'opposerait pas à la tenue d'un festival de l'Aube dorée dans la ville les 3 et 4 août.
La situation des droits de l'Homme s'est considérablement dégradée en Grèce au cours de cette dernière année, comme l'a souligné le rapport annuel d'Amnesty International. La fiche sur les violations des droits de l'Homme en Grèce comprend des incidents racistes et xénophobes si nombreux que la section grecque d'Amnesty a choisi de tenir sa conférence de presse pour présenter le rapport devant le Département des étrangers, le jeudi 23 mai. Les inquiétudes d'Amnesty comprennent l'absence de procédures de détermination d'asile équitables et efficaces, la détention routinière pour de longues périodes des demandeurs d'asile et des migrants en situation irrégulière, y compris des enfants non accompagnés, la discrimination en raison de l'appartenance ethnique dans l'opération de ratissage "Xenios Zeus", des rapports répétés de conditions inhumaines et dégradantes dans les centres de détention d'immigrés et les postes de police et l'augmentation spectaculaire du nombre d'agressions à caractère raciste en 2012, tandis que les victimes sans papiers n'ont aucune protection contre l'arrestation et la déportation pendant la durée de la procédure pénale. Un exemple récent a en été révélé cette semaine, lorsque le mouvement "Unis contre le racisme et la menace fasciste" a signalé que deux travailleurs agricoles immigrés qui avaient été poignardés à Manolada il y a quelques semaines quand ils ont réclamé leurs salaires impayés seront déportés. Le ministère de l'Ordre public a également annoncé cette semaine qu'il se prépare à engager des entreprises de sécurité privées pour la garde des centres de détention pour migrants, signalant ainsi qu'il n'a pas l'intention de les fermer, mais également que l'allocation de fonds pour l'amélioration des conditions de détention n'est pas une priorité.

2. Les droits de l'Homme en crise


La crise affecte également les droits de l'homme de diverses autres façons qui ne se limitent pas aux migrants et à d'autres groupes minoritaires vulnérables. Amnesty International note également diverses menaces à la liberté d'expression dans son rapport. Un autre rapport de l'Association de recherche sur la sexualité humaine et de l'Institut andrologique, intitulé "La crise en Grèce et le mémorandum", a été publié le mercredi 22 mai et révèle que la violence domestique contre les femmes a augmenté de 47% ces derniers mois.
Un rapport de l'UNICEF intitulé « La situation des enfants en Grèce », qui a été publié jeudi, montre une augmentation spectaculaire de la pauvreté chez les enfants en Grèce depuis le premier plan de sauvetage et les politiques d'austérité, ainsi qu'une augmentation encore plus spectaculaire du nombre d'enfants définis comme étant à risque de pauvreté et d'exclusion sociale. 16,4% des mineurs en Grèce vivent maintenant dans des ménages qui souffrent de dénuement matériel extrême, ce qui signifie 322 000 enfants : ce nombre a augmenté de 89 000 personnes, soit 38,2%, entre 2010 et 2011. Les jeunes enfants sont encore plus durement touchés: l'augmentation du même indicateur de 2010 à 2012 pour le groupe spécifique des 6-11 ans s'élève à 46,7%.
Le déclin économique de la Grèce est également très visible dans le communiqué de presse d'Eurostat au sujet du chômage en Europe, publié le 22 mai. 8 des 13 régions de Grèce, à savoir la Macédoine occidentale, la Grèce continentale, l'Attique, la Thessalie, l'Epire, la Macédoine centrale et le Péloponnèse, apparaissent sur au moins l'une des des cinq listes du top dix du chômage en Europe. Ces cinq listes sont fondées sur les chiffres du chômage en général, du chômage des hommes, du chômage des femmes, du chômage des jeunes et du chômage de longue durée. La Macédoine occidentale arrive en tête de liste pour le chômage des jeunes en Europe, avec le taux exorbitant de 72,5%.

3. Skouries

La police de Chalcidique a organisé une manifestation le jeudi 23 mai devant le siège régional de la police à Polygyros pour protester contre le fait qu'une si grande partie du corps de police local se retrouve à monter la garde autour du chantier de la société minière Hellas Gold dans la forêt de Skouries au lieu de d'être affectée aux devoirs réguliers de la police dans la région, comme il le faudrait au début de la saison touristique. Le communiqué de presse du syndicat régional des policiers affirme que "les hauts responsables doivent comprendre que la question de Skouries en Chalcidique n'est pas une affaire de police." Des syndicats de policiers d'autres régions du nord de la Grèce, qui ont envoyé des renforts en Chalcidique, créant ainsi un manque de personnel dans d'autres zones, se sont joints à cette manifestation. Le secrétaire du syndicat des officiers de police de Thessalonique Theofilos Papadakis a déclaré lors de la manifestation que "la question des mines d'or est politique. Elle relève du ministère du Développement, et non du ministère de l'Ordre public ".
Pendant ce temps, le procès des trois femmes qui ont été brutalement arrêtés la semaine dernière alors qu'elles manifestaient dans la forêt de Skouries pendant la Fête des Mères a été reporté parce que le directeur général de la police de Macédoine centrale, qui est un témoin à charge important, ne s'est pas présenté au tribunal. Le procès a été reporté à lundi prochain. Les femmes sont accusés de sédition, d'insulte à la police, de tentative illégale de libération d'un détenu et de lésions corporelles graves.

4. Grèves du secteur privé et non-grève des enseignants

Les employés de la compagnie de produits laitiers MEVGAL sont en grève depuis 30 jours pour réclamer le paiement de 4 mois d'arriérés de salaires. Ils demandent également la garantie qu'il n'y aura aucun licenciement et la signature d'une nouvelle convention collective. Une grève semblable est en cours dans la compagnie laitière FAGE. Dans les deux cas, on rapporte que la direction cherche à casser les grèves en cherchant à vendre des produits stockés dans les usines, qui sont occupées par les grévistes.
Les conventions collectives sont un sujet brûlant en ce moment dans la mesure où 45 conventions sectorielles ont expiré la semaine dernière. Le syndicat communiste PAME a organisé un rassemblement lundi dernier à Athènes pour exiger que de nouvelles conventions soient signées. Le syndicat des employés dans le secteur des publications imprimées a également entamé une grève le 23 mai pour la même raison.

Pendant ce temps, les examens nationaux d'entrée à l'université se déroulent normalement alors que les enseignants sont toujours sous un ordre de mobilisation civile. La Fédération des enseignants du secondaire de l'enseignement public a condamné à nouveau cette semaine la mobilisation civile, en disant que le gouvernement a pris les enseignants en otage. Il faut noter que l'ordre de mobilisation civile contre les enseignants ne précisait pas de date de fin de la mobilisation et on ne sait pas quand il sera levé.
Une raison importante pour laquelle les enseignants avaient choisi de faire la grève est le fait que, en vertu de nouvelles dispositions légales passées par le gouvernement, le ministère de l'Éducation peut choisir de sanctionner et de suspendre un enseignant pour des activités hors cadre scolaire. C'est ce qui est précisément arrivé à un enseignant de Larissa cette semaine, qui avait été arrêté et accusé de sédition lors d'une manifestation après la parade du 25 Mars. Le Mouvement pour les libertés et les droits démocratiques de notre époque, qui a signalé cet événement, demande dans son communiqué de presse: "Est-ce que le fait de participer à un rassemblement qui fera face aux procédés bien connus de la police peut être stigmatisé à un point tel qu'il mène à un licenciement ? "

5. Privatisation du champ de tir de Kaisariani

Il s'est avéré cette semaine que le champ de tir de Kaisariani est sur la liste des propriétés de l'État qui seront privatisées. Le champ de tir de Kaisariani est un monument important de l'histoire de la Grèce contemporaine et en tant que tel est, ou devrait être, protégé par le ministère de la Culture, car il a servi de lieu d'exécution pour des centaines de combattants de la résistance pendant l'occupation nazie de la Grèce durant la Seconde guerre mondiale. Le plus grand crime nazi enregistré à Kaisariani est l'exécution de 200 communistes le 1er mai 1944 en représailles pour l'assassinat d'un général allemand et de son entourage en Laconie quelques jours plus tôt. On voit mal comment un monument historique peut être privatisé selon la loi grecque. Le vice-ministre du Développement n'a pas répondu aux questions des députés de SYRIZA au sujet de la moralité de cette vente d'un lieu de mémoire, ni au sujet de la privatisation elle-même, et a simplement insisté sur le fait que la fusion de trois organismes de l'État, dont l'un est propriétaire du champ de tir, est nécessaire pour préserver les emplois de leurs salariés.

6. Aube dorée: des pistolets au parlement

Suite à l'incident de la semaine dernière au Parlement, quand le député de l'Aube dorée Iliopoulos a été expulsé de la salle par le vice-président du parlement en raison de sa conduite désordonnée, il a été signalé cette semaine qu'un député de l'Aube dorée, qui n'a pas été nommé, a dû être empêché d'apporter son arme à l'intérieur du parlement. Quand le policier de service a vu le pistolet sur le siège du passager de la voiture du député, celui-ci a déclaré: "Je préfère les avoir en premier, avant qu'ils ne me cherchent."
Des députés de SYRIZA avaient déjà signalé par le passé que les députés de l'Aube dorée portaient des armes à feu à l'intérieur du Parlement, ce qui est illégal car seuls les gardes du corps des députés sont autorisés à être armés. La députée de la Nouvelle démocratie Fotini Pipili a également exprimé cette inquiétude cette semaine. Le conseil des chefs de partis politiques a décidé à la suite de ces deux incidents que les règles parlementaires seront désormais appliquées à la lettre et que toutes les personnes entrant au Parlement, y compris les membres du gouvernement, devront passer par un détecteur de métaux.

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